dimanche 26 août 2018

LE BLUES DES PROFESSIONNELS

Métiers
Le blues des profêssionnels
Selon une enquôte publiée ên mâi, les professionnels de la protection
de l'enfance se montrent pessimistes, tant sur les objectifs visés par
le secteur que sur l'avenir de la jeunesse. Un état d'esprit à l'image
des assises qui viennent de se dérouler à Nantes, bousculées par
la grosne de 2OO à 3OO salariés,
i 1'on en dour;rit encore! cette 11" édition
des -\ssises nationales de la protection de
1'eniance. 1'a crueilement rappelé : 1e désarroi
des professronnels est bel et bien une réalité. Et
1'événernent en a fait les frais dès l'ouverture. Non
contents d'avoir négocié une dizaine de mir.rutes
d'expression à la tribune, les syndicats, réunis
sous la bannière du Collectif de la protection de
l'enfance en Loire-Atlantique et rejoints par des
salariés du Maine-et-Loire, ont livré un bras de fer
avec les forces de l'ordre. Pendant deux heures,
tout accès à la Cité des congrès esr resré interdir,
pour les manifestants comme pour les congressistes.
Au cceur des revendications : 1e manque de
moyens, le délitement des conditions de trar-ail et
la logique des appels à projet qui concourt. selon
eux, à une " marchandisation , de la protection de
l'enfance. oNozzs sommes lom de lit notion de
"respect des besoins fondamentdux de I'enfant" ",
note le collectif, qui réclame norammenr 1a création
de places d'accueil et d'hébergemenr dans 1es
établissements. A f intérieur de 1a Cité des
congrès, les organisateurs bouillenr. Et les premières
plénières débutent en l'absence des participants
qui n'ont pu rejoindre les lieux avant 1e b1ocage.
Non sans amertume et avec une bonne heure
de retard. o Il y a hwit ans, les assises port,tieti sur
le désarroi des professionnels, alors qtt'ort ne nctus
disent pas qu'on n'a pas conscience de cette sc-tttffrance
r, lâche au micro Jean-Louis Sanchez,
directeur du Journal des acteurs sociaux tJ-\Sl et
dé1égué général de 1'Observatoire national de
l'action sociale (ODAS).
Le f,lues des professionnels ? Cette 11. édirion
oes assises s'en est fait 1'écho, en détaillant les résulrats
de 1'enquête nationale sur la protection de 1'enfance,
réahsée, pour l'occasion, par I'ODAS et le JAS. Près
de 63 % des professionnèls interrogés se disent
inquiets quant aux objectifs visés par la protection
de I'enfance. En 2017 , ils n'étaient que 41 7o à partager
ce sentiment. " Que s'est-il passé en une année
pour saper à ce point le moral des dcteurs de la protection
de I'enfance i », interroge Marie-Agnès Feret.
La chargée d'études à I'ODAS avance des hvporhèses
: ' En 2016, les débats parlementdires sur le
striet ont pu susciter de I'espoir ; la disparition,
l'.trtnée suiudnte, d'un ministère dédié à l'enfance,
ACTUALITES
la situation financière des départements et la délicate
prise en charge des mineurs non dccompdgnés expliquent
peut-étre ces rëponses pessimistes. "
La question des moyens, comme le dénoncent les
syndicats, n'y est pas étrangère, bien sûr. Dans son
râpport annuel, publié en mai, sur les dépenses des
départements en matière d'action sociale, I'ODAS
parle d'un o effritement inquiétant de leurs mdrges
de manreuure ". Les dépenses des départements augmentent
peu (1,4 7o sur I'aide sociale à l'enfance)
mais leurs responsabilités, notamment avec l'accueil
de jeunes migrants, ne cessent de croître. Faut-il en
faire une pierre d'achoppement ? n Partageons une
donnée : les ressources sont comptées. A partir de là,
construisons les cboses ", exhorte Didier Lesueuq le
directeur général de I'ODAS, qui évoque trois pistes
d'avenir : la nécessité de partager les observations,
de coopérer entre institutions sans se replier sur les
cæurs de métier de chacun et le fait de dégager des
innovations à partir des dynamiques collectives. Et
il en faudra des dynamiques collectives pour modifier
une autre tendance : f inquiétude des professionnels
quânt à I'avenir de la jeunesse en France. Selon l'enquête
de I'ODAS et du JAS, 68 o/o d'entre eux se
disent inquiets pour le futur de cette population.
.<C'est inquiétant de uoir que les professionnels
n'aient pas confiance dans la jeunesse, note Jean-
Louis Sanchez. Et c'est dommage que les pouuoirs
publics n'en prennent pas conscience. 1l faut réinuenter
la protection de l'enfance / »
I
6 JUTLLET 2018 - N" 3068 ACTUALITÉs soclALES HEBDot'4ADAIRES

AUTISME

llandÉo lance unê nouvelle certification
I s'agit de la première certification exigeanre en
matière d'autisme. Le 20 juin dernier, l'association
Handéo a lancé 1a certrfication Cap'Handéo
services et établissements autrsrre, qui permet aux
familles d'identifier les sen ices et établissements
médico-sociaux ayanr une expertise particulière
dans l'accompâgnement des personnes autistes.
Le référentiel de cerrification - disponibie sur le
site handeo.fr. - a été consrruir par un comité de
rédaction spécialen.ienr dédié qui comprenait les représentants
d'irssociations de personnes autistes et de
leur far.nille. les représentants de gestionnaires d'étabiissernents
sociaux et médico-sociaux, les représentants
de fédérations et d'organisations employeurs
du secteur et enfin les représentants des pouvoirs
publics et autorirés terriroriales, dont 1'agence régionale
de santé de Nouvelle-Aquitaine.
Les établissements et services candidats à la certification
s'enga gert, uia Ie rêférentiel, au renJorcement
de l'autodétermination des personnes autistes et de
Ieurs familles, leur inclusion dans la cité, la mise en
place d'interventions sur mesure en lien avec les différents
acteurs locaux du secteur, l'accompagnement
et le soutien des proches aidants et I'application des
recommandations de la Haute Autorité de santé.
Pour la présidente de l'associationAutisme France,
« la certification ua constituer une plws-ualue essentielle
» : o Elle sera la preuue que l'établissement ou
le seruice s'est lancé dans wne démarche d'amélioration
de la qualité rendue aux pelsonnes dutistes qui
y sont accueillies. ll deura, en effet, faire la prewue
que les professionnels se forment ou uont se former,
qu'il organise le suiui de ces formations pal le biak
d'une swperuision extérieure, qw'il ueille à recueillir
la satisfaction des wsagers pour en tirer des pistes
d'amélioration, en courant le risqwe, s'il est trop
irnparfait, que des usagers dlertent le certfficateur,
qu'il est attentif en permanence à la qwalité de uie
des personnes", indique Danièle Langloys.
Valable trois ans, la certification peut être obtenue
auprès d'Handéo après un processus d'audit,
qui comprend Ia réalisation d'un autodiagnostic,
la programmation et la réalisation de l'audit de
certification sur site par un auditeur habilité et
l'examen du rapport par le comité national de suivi
de certification. rü o. H.
Une réforme pour la fin de l,année
eftre fin à la complexité des aides sociales.
Quelques jours seulement après la sortie
remarquée du président de la République
dénonçant «un pognon de dingue,,le Premier
ministre a chargé la députée Christine Cloarec
(LREM, Ille-et-Vilaine) d'une mission remporaire
à ce sujet, dont elle devra rendre les conclusions
dès la 6n du mois d'août 2018. Lobjectif : une
mise en æuvre dans Ie cadre des projets de lois de
6nances et de ânancement de la sécurité sociale
pour 2019. Dans sa lettre de mission, Edouard
Philippe lui a précisément confié la mission
" t isattt à artalyser les déterminants des dysfonctiotrnerrtertts
de ncttre système, et sur la base de
cette attalt'se, de formuler des propositions pour
permettre à chaum de toucher la juste prestation,
celle à laquelle il d droit,. Cela concerne l'ensemble
des minima sociaux, la prime d'activité, les
allocations logement, les prestations familiales et
1'allocation de retour à l'emploi.
La première priorité du gouvernement est de
<<mieux lutter conTre le non-recours aux prestations
sociales , .D' ores et déj à, le président de la République
a émis l'idée d'un guichet unique pour toutes les prestations,
la recherche des bénéficiaires incombant aux
services de l'Etat. Dans la lettre de mission, le Premier
ministre insiste notamment sur la « complexité» qui
« rend notre système peu réactif et, en conséquence,
iniuste ».II pointe en particulier Ia méthode de calcul
de onombre de prestations» qui est basée sur des
<<reuenL6 trop anciens», mais aussi les dysfonctionnements
de gestion. La complexité a plusieurs conséquences,
selon Edouard Philippe : les prestations « ne
correspondent plus à la situation présente des intéressls
», la détection des fraudes est plus difficile et les
erreurs pénalisent les personnes affectées. rr o. H.
Irs II
t
t
29 JUrN 2018 - N. 3067 actuaLtrÉs socrALES HEBDoMADATRES