vendredi 10 février 2017

DVD

Maltraitance : La souffrance et le silence + La preuve et le soin

vendredi 3 février 2017

l'histoire du placement de Jordy...

 L’ACCUEIL RELAIS : Une itinérance organisée »

Et l’enfant, en parle-t-il ? Qu’en dit-il ? Comment le vit-il ?

Intervention de Madame Emmanuelle HOUDART Psychologue, praticienne du placement familial au sein des accueils éducatifs du pays haut (AEPH)
Je souhaite vous présenter aujourd'hui, une expérience de relais, qui est un véritable cheminement tant pour Jordy, dont je vais vous parler maintenant, que pour l'ensemble de l'équipe du placement familial des AEPH. Mais je laisse la parole à Jordy.
« Bonjour, je m'appelle Jordy et j'ai 9 ans. J'ai un frère, Tobias, qui a 7 ans. Nous sommes frères quoiqu'il arrive ET il nous en est arrivé des histoires !

Mon papa et ma maman se sont rencontrés peu de temps avant ma naissance. Maman avait 20 ans et papa guère plus. J'ai appris, y a pas longtemps, que maman aussi a été en famille d'accueil quand elle était petite fille, pendant plusieurs années. Papa était lui aussi en galère, il a passé son adolescence en foyer. Ils se sont rencontrés alors qu'ils étaient à peine majeurs.

Moi je suis né un jour de l'hiver 2005 à Longwy et un an et demi après moi, Tobias est arrivé.

J'ai peu de souvenir de chez moi ; juste celui d'un anniversaire où j'ai mangé un gâteau Bob l'éponge. Je suis parti quand j'avais quatre ans mais je ne parle jamais de ce jour-là.

Si l'éducatrice du service parlait de moi, elle vous dirait que ma mère et mon père étaient très ancrés dans la toxicomanie et les petits vols. La psychologue rajouterait certainement que ma mère ne s'occupait pas de nous car elle ne savait pas comment être mère, que nous vivions dans un climat d'insécurité affective et matérielle, en présence de nombreux adultes qui divaguaient dans l'appartement dans un état second, que papa et maman nous confiaient à de parfaits inconnus.


MOI tout ça je ne m'en souviens pas !  Que me reste-t-il de cette période-là ? PFFF(questionnement)

Les médecins et pédiatres qui m'ont vu vous parleraient de carences alimentaires, j'ai perdu toutes mes dents, une vraie tortue, et jusqu'à il y a peu on ne savait même pas si de nouvelles repousseraient ! Mais heureusement, je peux à nouveau esquisser des sourires sans aucune honte ! ENFIN encore faudrait-il que j'en ai envie...




La psychologue vous parlerait sans doute de la pauvreté de mes  premiers liens d'attachement aux figures parentales, dont les effets sont encore visibles aujourd'hui...MAIS moi MOI je sais pas de quoi elle parle LA PSY !!!

DONC un jour de 2008, je suis parti de chez moi enfin on est parti de chez nous pour aller dans une  famille d'accueil de l'autre côté de Nancy pendant quelques jours MAIS MOI je ne me souviens pas de ce moment-là. Je parle de mon parcours comme je récite ma poésie à ma maitresse, sans émotion, sans animosité, (en baissant la voix) sans aucune trace de ce momentlà.

Ensuite je suis allé en foyer près de Toul "PARCE QUE CA POUVAIT PAS DURER EN FAMILLE D'ACCUEIL on m'a dit." J'y suis resté un an puis je suis revenu dans un foyer près de Longwy toujours avec Tobias.

Pourquoi j'ai changé trois fois de lieu d'accueil en si peu de temps "QU'EST-CE QUE J'EN SAIS MOI ??? on ne me dit jamais rien à moi!!!" (en rallant)

Enfin une chose (en martelant) et une seule est sûre pour moi : "MON FRERE ET MOI C'EST TOUTE MA VIE. JE SUIS TOUT POUR LUI, IL N'EST RIEN SANS MOI" enfin je le croyais...

En 2011, j'ai dû refaire mes valises, tout quitter et tout recommencer ailleurs... plus loin... encore une fois. Tobias et moi on est arrivés aux Accueils Educatifs du Pays Haut dans une maison d'enfant qu'on appelle La Farandole, on était avec huit autres enfants et des éducateurs. MOI CA ALLAIT mais heureusement que j'étais là pour Tobias: je jouais avec lui, je lui disais quand aller prendre la douche, comment plier sa serviette, je le défendais contre les autres.  En fait je lui disais tout ce qu'il avait à faire et je le reprenais quand il faisait des bêtises.  EH!!! J'avais huit ans, j'étais un grand quand même !!!!!!

Il faut le dire mon frère est tout le temps dans la lune, CARREMENT à côté de la plaque, même que des fois il castagne les autres...alors...moi...j'le surveille. Je passe TOUT mon temps à ça et j'erre dans la maison jouant avec un enfant puis un autre ou encore un autre, Moi que ce soit avec Pierre Paul ou Jacques je m'en fou, du moment que ça m'occupe ça n'a aucune importance.

Les éducateurs de La Farandole en réunion ils disent de moi que je suis bougon, râleur, un éternel insatisfait. La psychologue vous dirait qu'il faut mettre ça en lien avec la consommation de drogues de ma maman quand j'étais dans son ventre et la violence du sevrage que j'ai subi malgré moi à la naissance, que c'est dû au manque de relations maternelles nourricières, affectives suffisantes dans les premières années de ma vie.

BLA...BLA...BLA en tout cas: rien de rien, il n'y a rien qui me remplit vraiment. "on est pas resté assez longtemps au parc" "Les jeux ils étaient nuls" alors que j'y ai joué pendant deux heures "Et j'ai pas eu autant de sauce que Zoé sur mes pates" "Et l'éduc, il fait toujours les devoirs avec les autres en premier"

BREF ma vie est une éternelle complainte...

Et maman et papa dans tout ça?



Maman ...et ...papa? ALors...papa je l'ai vu des fois, puis rarement ...puis ...plus du tout depuis plusieurs années mais rassurez-vous CA ME FAIT ABSOLUMENT RIEN!!! Maman je la vois...Yais...pas souvent....Y a bien un calendrier des DV, comme ils disent, où il est écrit qu'on la voit une fois par mois en visite médiatisée mais ...on sait jamais si elle va venir ET je l'attends dans une salle d'attente comme chez le docteur ! MEME qu'une fois en novembre dernier, on l'a attendu 45 minutes et moi je suis resté à genou prostré derrière la porte en me balançant et je disais "ça sert à rien qu'on l'attende elle viendra pas" eh bien, vous savez quoi ? Elle est venue dix minutes avant la fin de la visite...mais on ne sait jamais quand on le reverra.

Depuis juillet 2013, grand changement dans ma vie : j'ai quitté La Farandole pour aller vivre chez tata.  (en se plaignant) Et encore un nouveau lieu ! (exaspéré) La chef de service m'a expliqué  "LE PROJET DU SERVICE POUR TOBIAS ET MOI" et moi j'ai juste crié "et pourquoi je dois partir?"

Avec mon frère on a visité la maison de Viviane, on a passé du temps, de temps en temps avec elle, "est-ce que ça me plaisait? PFFF !!!!!!!!!    (soupire) Bon on a fini par y aller s'installer chez Tata Viviane et La Farandole, les éducateurs, aujourd'hui j'en parle même plus.

Comment ça se passe chez tata ? Eh ben COPIER/COLLER avec La Farandole.  (plainte) C'est pas de ma faute! C'est Tobias il faut toujours le surveiller: "Mets ta veste avant de sortir" "touche pas aux boutons du micro-onde" "prends pas la fourchette-là c'est l'autre" Heureusement que je suis là pour le surveiller MAIS QUE dis-je pour les surveiller : "tata t'as bien fermé le portail? " "tata t'as éteint la lumière?" "Tata tu vas pas te coucher encore, il est tard ?" Moi j'comprends pas tata elle me dit de me mêler de mes affaires mais Tobias et elle ILS SONT MES AFFAIRES!!!!!

Et des fois j'vois Tobias avec tata, je les regarde de loin et il rigole avec elle, il lui fait des bisous et moi dans ces moments-là, c'est plus fort que moi, j'arrive pas à me joindre à eux et ça m'agaaaace que Tobias soit si bien avec elle et qu'il soit pas avec moi ! Vous vous rappelez "MON FRERE ET MOI C'EST TOUTE MA VIE" "JE SUIS TOUT POUR LUI IL N'EST RIEN SANS MOI" ...Alors...ben, j'le provoque, j'le pousse à faire des bêtises, à dire des méchancetés à tata comme ça il explose et tata l'envoie dans sa chambre...et moi ben maintenant que j'ai tout cassé, je sais quand même pas quoi faire avec cette tata. Avec elle je fais du coloriage, de la peinture, de la cuisine, des perles a chauffer, de la pâte à sel, du macramé, des balades, du vélo, de la trottinette, C'EST TROP NUL on fait jamais rien chez tata...et je grogne...je grogne !

En plus quand j'asticote mon frère ou que je fais une bêtise, des fois je me fais caler par Viviane, alors je mens,  j'hurle au scandale "C'est pas moi arrête de dire ça !!"

La psychologue vous dirait que tout ça n'est que le reflet de mes angoisses d'abandon, de mes troubles de l'attachement. Elle vous dirait combien il est vital pour moi de garder le contrôle de



mon environnement, de maitriser mes émotions, mes ressentis et qu'au final la relation que j'entretiens avec Tobias est toxique.

MAIS moi j'sais pas pourquoi je fais tout ça, je suis comme ça un point c'est tout! Mon frère est toute ma vie, je suis tout pour lui il n'est rien sans moi, je vous le dis. Mais n'essayez pas d'avoir une discussion avec moi à ce sujet ou sur n'importe quel sujet qui me concerne sinon je hurle, je crie, je boude, je pleure et je me calmerai quand je le décide. L'éducatrice du service et ma tata sentent bien qu'il y a une grande souffrance en moi mais je ne peux rien leur dire ; il faudrait déjà que je leur fasse confiance, que j'accepte de lâcher prise, que j'admette que tout cela me fait du mal mais ça, c'est pas pour demain...J'ai trop à perdre et je n'imagine même pas ce que je pourrais y gagner. Comment faire confiance à un adulte ? et pourquoi ?

Depuis septembre 2013, le service de placement familial commence à mettre en place des accueils relais. AH, QUELLE IDEE CA ENCORE !!! Alors, écoutez ça: soit disant qu'avec toutes les ruptures brutales que j'ai vécues dans ma vie ils vont faire un travail avec moi pour que j'apprenne à me séparer de quelqu'un de façon préparée et accompagnée, que je passe un week end ailleurs et que je puisse retrouver la même relation avec ma tata au retour afin de reprendre confiance dans une relation affective permanente.

OUAIS eh ben quand Viviane elle m'a annoncé que j'irais chez sa collègue Mégane samedi et dimanche avec Tobias, je lui ai dit "ça y est tu te débarrasses de nous". Elle m'avait tout expliqué 15 jours avant : que c'était pas une punition, qu'elle avait besoin de repos, que toutes les assistantes familiales du service font ça et que l'on reviendrait à la maison après. Sur le coup, j'ai rien répondu. On a été visiter la maison de Mégane (vendeur) "ouais elle est jolie cette maison avec tout le confort: salle de bains, WC, chambre privée, Télé, lecteur DVD, console. TOP COOL!!!!" (Excédé) MAIS deux jours avant le week end relais, quand tata est revenue avec son idée de nous envoyer chez Mégane, ça a été plus fort que moi j'ai jeté à la tête de tata "TU NE SAIS PAS EDUQUER LES ENFANTS, je vais porter plainte contre toi, vous nous mettez dans une autre famille d'accueil parce que vous ne voulez plus vous occuper de nous, vous voulez vous débarrasser de nous..."

J'ai beaucoup pleuré et boudé puis la veille du week end relais avec tata, Tobias et moi,  on a fait une petite valise en choisissant nos vêtements calmement et quand on est arrivé chez Mégane on s'est installé...tout simplement...sans larmes...sans cri...dans une ambiance détendue. NORMAL on connaissait déjà la maison ! Tata nous a fait un dernier bisou la porte s'est refermée et....(suspens) AH ILS N'ONT PAS ETE DECUS au PF avec leur projet d'accueil relais...j'ai passé mon temps à surveiller mon frère et à le commander  COMME CHEZ TATA. Mégane m'a disputé COMME TATA parce que soit disant j'étais agressif et virulent avec Tobias, mais il fallait bien que quelqu'un veille sur Tobias. SURTOUT que lui il a passé un sacré bout de temps à la fenêtre à guetter le retour de Viviane alors je lui ai fait remarquer sèchement : "Ouais tu t'en fou t'es pas à la rue quand même..."

Quand tata est revenue nous chercher, Tobias semblait soulagé mais moi je n'ai rien dit, j'ai dit au revoir à Mégane et je suis reparti chez tata "REPRENDRE MA RELATION PERMANENTE APRES UNE RUPTURE" comme ils diraient.




Avec le week end qu'on avait passé, le service de placement familial a eu de NOMBREUSES observations, a pu faire de multiples hypothèses et a pris, pour la première fois de notre vie, la décision de nous séparer Tobias et moi.  ...C'est comme si je l'avais senti quand l'éducatrice du PF me l'a annoncé je l'ai coupé en hurlant "non pas séparés" mais ils n'ont pas calé. Elle m'a dit que c'était la chef du service et elle qui prenaient les décisions et pas tata et que je retournerais chez Mégane sans mon frère en week end relais. J'ai rien eu envie de dire, je me suis recroquevillé sur mon siège j'ai baissé la tête et je me suis enfermé dans mon mutisme et ma colère.

Lors du week end suivant chez Mégane, je me suis retrouvé avec Pedro, 12 ans, un autre enfant d'une autre famille d'accueil, lui aussi en relais. On se connaissait un peu mais sans plus. Il est génial Pedro, il n'a jamais rien envie de faire, il râle tout le temps, la seule chose qui l'intéresse c'est la console de jeux ! Il est comme moi alors on a passé le temps à se remonter l'un l'autre contre Mégane. Ah, elle s'en souviendra la famille d'accueil relais de son week end !

Quand Viviane est venue me chercher ce dimanche-là, elle avait déjà récupéré Tobias dans son autre famille d'accueil relais chez Martine. Je me suis assis dans la voiture sans rien dire à mon frère comme si on ne s'était jamais quitté ou comme s'il n'existait pas. C'est tata qui m'a dit de lui dire bonjour. ET lui qui n'arrêtait pas de raconter à tata son super week end chez Martine et patati et patata alors moi j'ai parlé plus fort pour lui couper la parole et pour lui montrer que moi aussi j'avais fait des choses, même si pendant ce week end j'ai râlé devant tout ce qui m'était proposé. C'était INSUPPORTABLE quand même de savoir que Tobias s'était bien amusé sans moi alors que moi je n'ai su profiter de rien et en plus je n'ai même pas réclamé mon frère une seule fois.

Mais qu'est-ce que Tobias est en train de faire ? Que reste-t-il de ma devise ? Vous savez: "Je suis tout pour lui il n'est rien sans moi". Lui il s'en fiche il s'accroche à tous ceux qui lui font un sourire, il profite de chaque instant mais au fond, est-ce que moi aussi j'ai tant que ça besoin de lui pour avancer dans ma vie?

Le mois suivant, j'ai été en relais chez Jeanine car Mégane était en congé et chez Jeanine y à Laurie la petite fille qu'elle accueille, elle a dix ans. On s'est bien entendu tous les deux, c'était cool. Laurie elle est pleine de vie elle a toujours une idée de ce que l'on pourrait faire. Et puis là bas j'ai fait du vélo tout seul en chantant, sans râler, sans me soucier de ce que l'adulte allait en penser, sans me demander ce que Jeanine faisait pendant ce temps-là. J'ai lâché prise comme ils disent au service. Bon j'vous rassure j'ai quand même tenté de critiquer Jeanine et ses DVD trop nuls mais ça a fait un vrai flop, Laurie m'a planté là et Jeanine n'a même pas eu l'air embêtée par mes remarques, j'ai même fini par faire moi-même des propositions d'activité. 

(Calmement et lentement voix descendante) Bon je l'avoue c'était un bon week end...D'ailleurs j'en ai parlé à tata au retour, je lui ai parlé calmement de ce que j'avais aimé faire et j'ai écouté patiemment aussi Tobias raconter son week end chez Martine. On a passé tous deux, séparément, un bon moment en relais et nous sommes rentrés chez nous, chez tata Viviane. 

Pour le moment Tobias et moi sommes toujours accueillis ensemble chez Viviane mais nous pouvons dire tous deux maintenant que nous sommes heureux de vivre des moments chacun de notre côté (à l'école, au centre aéré, en relais...) et que cela nous rend la vie plus facile. On a beau être frère, c'est dur d'être tout pour l'autre quand l'autre ne rêve que de prendre de l'indépendance. Un projet de réorientation est en cours pour que nous puissions grandir chacun de notre côté et nous retrouver régulièrement ensemble lors de sorties ou de gouters. Je pense que ça y est, je suis prêt à lâcher mon frère ; ç'est finalement très pesant de le regarder passer de bons moments



avec d'autres sans jamais trouver sa place. Quant à lâcher prise et m'investir authentiquement dans une relation à l'autre holala, laissez-moi encore du temps, peut être que j'en serai capable un jour... peut-être! ».

J'aimerais pour finir remercier l'ensemble de mes collègues, assistantes familiales  et éducatrice du Placement Familial, qui, par leurs expériences, m'ont aidé à écrire ce témoignage remarquable des paroles et émotions d'un enfant qui, la plupart du temps, ne verbalise rien.

reflexion par des ass fam du 57 sur l'accueil relais

 Quelle définition faites-vous de l’accueil relais ? (statutaire, projet, enfant..)

La récolte des post-it met en évidence deux approches de l’accueil relais : - Un versant ressources humaines - Un versant intérêt de l’enfant

Le versant ressources humaines :
S’agissant du versant ressources humaines, les mots : souffler , prendre de la distance, apprendre à se séparer, préserver l’équilibre familial, découvrir et observer.
Outre la nécessité de se reposer, de s’écarter du travail par la prise de congés et cela grâce à la mise en œuvre de l’accueil relais, lequel va pallier l’absence ; nous découvrons un espace
temps qui peut aussi être un espace de professionnalisation.
En quoi l’est-il ? 
Préserver un équilibre familial, c’est aussi préserver son « outil de travail » qui est la famille.
Prendre de la distance  permettrait donc la maintenance de son outil de travail, la préservation de soi et de son environnement affectif.
Prendre de la distance, au-delà de souffler, au-delà du repos, permettrait aussi d’aborder les problématiques à traiter sous un autre angle, voire offrirait la perspective de confronter des observations. Partir, c’est apprendre à déléguer, à communiquer, apprendre à faire confiance aux capacités professionnelles, aux qualités d’un autre professionnel, apprendre à travailler en équipe.

Du côté de l’enfant ? 
Alors que parfois l’argumentaire précédent a pu être qualifié d’alibi, les mots qui sont ressortis, sont : Accueillir, découvrir, se séparer, absence / présence, urgence.
Accueillir un enfant en relais, c’est aussi faire une autre rencontre, et pour un enfant c’est une opportunité de découvrir d’autres modes de vie.
C’est un espace-temps en relais, souvent pendant les vacances qui imprime déjà un autre rythme de vie. 


C’est apprendre à se séparer et au détour de cela, apprendre que la séparation n’est pas une fin, la séparation ne rompt pas les liens. La séparation donne aussi l’occasion de se retrouver.
Alors du côté de l’enfant, si lui aussi développait des compétences par le fait d’être tenu de s’adapter et de vivre un temps ailleurs ?

  Selon vous quelles sont les conditions pour qu’un accueil relais se passe bien ? 
A l’aune de cette question nous sommes entrés dans une autre dimension. Est-ce celle de l’éthique ? A nous de voir….
Ecouter, présence, partage, confiance, empathie, accord, respect, loyauté, dialogue, discrétion
Nous en avons conclu qu’il était utile d’avoir des qualités personnelles telles que le sens de l’accueil, le sens de la discrétion, le sens du partage.
Nous avons noté qu’il est nécessaire de s’organiser pour passer les informations, les préparer, les communiquer.
Il nous fallait ouvrir un espace propice à ce dialogue. 
Alors, après avoir échangé sur des situations concrètes, nous avons trouvé qu’il était nécessaire de poser les fondations de cet espace de dialogue.

Comment faire ? Comment faire ? Avec autant de situations singulières ?
Nous avons procédé par élimination et exclu, l’accueil relais que nous avons appelé «accueil relais technique » de notre réflexion, c’est-à-dire celui de la mise en place d’un accueil d’enfant à « 4 mains ». Nous avons pensé que l’accueil en urgence est aussi trop singulier pour pouvoir en déduire tout de suite quelque chose.
 Nous proposons de nous attacher au type d’accueil qui permet de relayer dans le cadre d’une indisponibilité provisoire et prévisible, quel que soit le motif.
A émergé l’idée 1ère d’écrire une charte pour mobiliser, susciter l’espace/temps nécessaire au dialogue.
A émergé une 2ème  idée, celle de construire une fiche mémo, pour ne rien oublier de ce qu’il est important de dire, de transmettre à son collègue de travail :  l’assistant familial en relais.

l ' accueil relais


Claire WEIL
Responsable du Pôle Enfance à l’ ETSUP (Ecole Supérieure de Travail Social)


L’accueil relais : une aventure au pays des glaces  déformantes  

Pourquoi ce titre ?
L’accueil relais c’est une aventure, et qui dit aventure dit : surprises, obstacles, mais aussi émotions, liens  et au bout de l’aventure, la découverte d’un nouvel espace .
Aujourd’hui, nous allons  à la rencontre de l’accueil relais pour requestionner ce qui en fait une aventure, pour je l’espère découvrir ensemble un nouvel espace.
Pourquoi « Une aventure au pays des glaces déformantes » ?
Pourquoi ai-je  choisi ce titre qui rappelle plus la foire du trône qu’une sérieuse journée d’étude ?
Et bien parce que dans la glace, on croit voir le reflet de ce que l’on pense être : un ou une assistante familiale accueillante, bienveillante, tolérante, peut être même diplômée, dans tous les cas convaincue d’être une vraie professionnelle compétente.
Quand on prend le temps de mieux se regarder dans la glace ( vous savez, comme dans sa salle de bain lorsqu’on  observe son visage et que l’on découvre avec surprise une petite ride, un petit bouton….que l’on ne pensait pas exister) et bien là on découvre des petites rides, des petits boutons qui se nomment autrement. L’enfant que l’on accueille  nous fait vivre des émotions qui mettent à mal parfois notre conviction d’être accueillante, bienveillante, tolérante et qui de ce fait déforment la belle perception que l’on avait de soi.
Alors faut-il en conclure que cette glace nous renvoie une image négative ?   A 1ère vue, je dirais oui. Mais ce n’est qu’à 1ère vue ! Surtout si l’on reste figée devant sa glace toute seule. Il y a de quoi déprimer, je vous l’accorde.
Mais, une représentation c’est une construction subjective, d’autres assistants familiaux, se regardant dans la glace, auront peut être une image d’eux-mêmes plus
valorisante, allant dans le sens de leur propres perceptions et convictions, donc une représentation  positive .
Cette petite explication sur la glace déformante démontre me semble t il que c’est  une aventure qui mobilise ce que chacun pense porter en soi des représentations du « parent suffisamment bon ».
Comment faire pour que cette glace déformante ne nous déprime pas, mais à l’opposé, qu’elle ne nous donne pas non plus l’illusion de penser que nous sommes   tout puissant, que nous n’avons besoin de personne, que nous sommes les meilleurs  ?
l’AF relais n’est pas toute seule devant cette  glace, malgré les apparences : de nombreux professionnels l’entoure et à eux aussi cette glace renvoie peut être une image déformante… 
Si vous acceptez, (vous n’avez pas vraiment le choix, je le reconnais), d’adhérer à ma proposition d’aborder l’accueil relais sous l’angle des figures d’attachement, je vous propose de le faire en donnant le rôle principal à l’AF relais. D’habitude, c’est l’enfant qui a ce rôle, je crois légitime que vous l’ayez aussi.
En d’autres mots,  je vous propose de dérouler notre réflexion à partir des mouvements affectifs, des émotions, qui animent l’AF relais et qui se traduisent entre autres par ce que l’on nomme « les conflits de loyauté ».
On parle en effet, toujours des conflits de loyauté du côté de l’enfant, j’ai choisi d’aborder cette thématique du côté des AF relais .
 Plan de l’exposé 
1) Y a-t-il une ou des figures d’attachement  pour l’enfant, portées par  l’AF relais ?
2) Que se passe- t- il quand des conflits de loyauté viennent attaquer les figures d’attachements que l’AF relais voudrait proposer à l’enfant ?
3) L’AF relais peut elle se dégager des conflits de loyauté et être une figure d’attachement sécure pour l’enfant
4)  Conclusion 


 1) Y a-t-il une ou des  figures d’attachement pour l’enfant, portées par  l’AF relais ?
Pour celles et ceux qui ont eu la chance de participer au congrès de l’ANPF en septembre 2013 à la Rochelle, vous avez déjà une bonne connaissance du sujet  grâce à l’intervention de  Martine Morales.
Pour celles et ceux qui n’ont pas eu cette chance, je vais rappeler ce que l’on définit sous le terme de « figures d’attachements » en m’appuyant sur les auteurs suivants.
Aujourd’hui, la « spécialiste » de la théorie de l’attachement est Nicole GUEDENEY, pédopsychiatre. Il y a énormément de publications sur le sujet dont un très bon document qui a été publié par l’ONED (observatoire de l’enfance en danger) en 2010. Je vous rassure, je n’ai pas d’intérêt financier avec l’ONED, c’est une simple information.
Mais cette théorie a été introduite en France à travers les travaux menés dans les années 50 par  l’équipe de John BOWLBY (psychiatre et psychanalyste anglais) en lien avec les équipes de Myriam DAVID, Geneviève APPEL, Jenny AUBRY.
John BOWLBY décrit l’attachement comme étant le produit des comportements chez le bébé qui ont pour objets la recherche et le maintien de la proximité d’une personne spécifique.
 C’est un besoin social primaire et inné d’entrer en relation avec autrui.
Quand on parle de figures d’attachement, on parle de toute personne qui s’engage dans une interaction sociale avec l’enfant et qui sera capable de répondre à ses besoins.
On peut  donc considérer qu’il n’y a pas qu’une figure d’attachement pour l’enfant mais bien des figures plurielles. Elles sont certes, plus ou moins importantes ou significatives, puisque l’enfant va rencontrer différentes personnes qui vont s’engager avec lui dans une interaction sociale et vont chercher à répondre à ses besoins. 
Je vais reprendre pour ce résumé, quelques éléments théoriques développés par Séverine EUILLET, psychologue clinicienne, enseignante et chercheuse à l’université de Paris X Nanterre.
 Trois conditions sont nécessaires pour créer une relation d’attachement. Une relation d’attachement ne se construit pas dans un huis clos, dans une bulle qui envelopperait l’AF et l’enfant. Elle est aussi influencée par l’environnement, le contexte dans lesquels vivent l’AF et l’enfant. Mais revenons à nos trois conditions :
1)  Que l’AF soit disponible physiquement et psychiquement
2) Que l’AF soit sensible, réceptive aux signaux que l’enfant émet
3) Que le cadre de l’accueil permette une stabilité dans le temps, une continuité. Ces deux éléments sont aussi nécessaires car c’est grâce à cette stabilité et
cette continuité que l’AF  va pouvoir donner des réponses et surtout, l’AF va pouvoir vérifier que ses réponses apaisent l’enfant.
Quelles sont elles ces figures d’attachement ?
4 catégories de figures d’attachement :
 La figure d’attachement sécurisée : l’enfant active son système d’attachement et une fois rassuré, il peut le désactiver (donner ex. chez bébé, enfant, adolescent)
 La figure d’attachement désactivée : c’est l’enfant qui n’active pas son système d’attachement. Il évite tout ce qui pourrait solliciter de l’attachement. C’est l’enfant qui en apparence ne pose pas de problème, hyperadapté dans toutes les situations, alors que l’AF trouve qu’il aurait bien des raisons d’’être insécurisé dans telle ou telle situation (par ex. aller pour la 1ère fois chez une AF relais et ne manifester aucune inquiétude).
 La figure d’attachement hyperactivée : c’est l’enfant qui sollicite ++++ l’adulte, qui est toujours en demande de proximité de l’adulte, qui n’est jamais rassuré.
Nous sommes d’accord, ce sont des enfants assez épuisants, mais en même temps ce qui est rassurant, c’est que l’enfant est en demande de réponses et cherche à établir un lien affectif.
 La figure d’attachement désorganisée : c’est l’enfant qui présente de gros troubles de l’attachement et qui questionne sur un versant pathologique, car ce sont des enfants qui sont imprévisibles.

Ce sur quoi je voudrais réfléchir avec vous, ce n’est pas de savoir si l’enfant a crée un lien d’attachement avec ses parents, la famille d’accueil, la famille d’accueil relais, puisque de toute façon l’enfant pour survivre doit nécessairement en créer, mais c’est d’analyser comment l’AF relais peut se rendre disponible et être une des figures d’attachement possible pour permettre à l’enfant de créer un lien sécure. Ce qui m’amène au 2ème point que je vais développer :
 2) Que se passe-t-il quand les conflits de loyauté viennent attaquer les figures d’attachements que l’AF relais voudrait proposer à l’enfant ?
Tout le monde ici présent sait bien qu’un des points essentiels à travailler en placement familial c’est la question de la répétition.
Les enfants accueillis reproduisent le même type d’attachement qu’ils ont tissé dans une interaction particulière avec leurs parents et que l’on désigne sous le terme de « pathologie du lien ».
C’est bien cette répétition à l’œuvre autour d’une pathologie du lien qui va être l’objet du travail en accueil familial : essayer de  détricoter ces liens pour en tisser d’autres, moins pathogènes .
Pourtant, cette répétition ne va pas toujours se mettre en scène dans le cadre de l’accueil relais.
Si l’AF relais est présente sur des temps courts, l’enfant ne va pas vivre une relation avec cette AF suffisamment investie dans le temps, pour qu’elle devienne une figure d’attachement significative.
Le risque pour l’AF relais serait alors de se penser « meilleure AF » que sa collègue, qui accueille l’enfant de manière permanente, car elle ne rencontre pas de difficultés avec l’enfant.
On voit là l’effet déformant de la glace……
Mais bien souvent, vous êtes en tant qu’AF relais, amenées à accueillir ces enfants de manière régulière, ce qui fait de l’accueil relais un lieu de réparation et de continuité.
Une AF en formation me disait : «  la petite fille que j’accueille et qui manifeste de gros troubles du comportement, n’a posé aucun problème pendant les 1ers WE chez la famille d’accueil relais. Puis au fil du temps, quand cet accueil est devenu plus régulier, elle a montré les mêmes troubles que chez moi ».
Tant mieux, c’est toujours ce que je dis aux AF, même si mon optimisme ne les réjouit pas sur le moment.
Oui, tant mieux, parce que cette petite fille commence à investir l’AF relais comme figure d’attachement sur le même mode que chez sa famille d’accueil. Il y a de la répétition et donc de la continuité pour cet enfant dans le type de liens qu’elle tisse.
Si l’on s’interroge sur « comment se manifeste ce lien », on touche  aux mouvements affectifs que l’enfant va exprimer tout particulièrement à travers «  les conflits de loyauté ». Conflits avec lesquels l’enfant se débat et qui seront travaillés dans le cadre de son accueil ; mais ces mouvements affectifs vont aussi s’adresser à  l’AF relais et donc la confronter plus ou moins consciemment à des conflits de loyauté dont elle est dépositaire et qui sont réveillés par cet enfant .
Pourquoi est ce que je pense qu’il y a aussi, possiblement, je suis prudente, des conflits de loyauté qui animent l’AF relais ?
Parce que l’AF relais s’inscrit dans une double appartenance :
Appartenance à une filiation, une histoire familiale, des références éducatives qui lui sont propres.
Appartenance à un service, un projet pour l’enfant, une posture professionnelle, que l’AF relais a construite au fil de son expérience.
Alors comment se rendre disponible en prenant en compte ces deux appartenances, sans pour autant se sentir pris dans des conflits de loyauté ? Ce sera le 3ème point.
 3) L’AF relais peut elle se dégager des conflits de loyauté et être une figure d’attachement sécure pour l’enfant
Je vais m’appuyer sur le concept du MOI et des jeux psychologiques.
N’ayez crainte, je  ne vais pas vous faire un cours de psycho.
Concernant la référence au concept du « MOI », je souhaite vous en parler car il représente ce qui constitue notre rapport à l’autre .
C’est Sigmund Freud, psychanalyste viennois qui a introduit ce concept en lien avec d’autres concepts que je ne vais pas développer ici.
Le MOI c’est notre carte d’identité personnelle, c’est ce que l’on donne à voir aux autres et surtout c’est au niveau psychique, ce dont on a conscience.
Le MOI se nourrit de nos valeurs, de notre éducation et bien sûr de la représentation consciente que l’on se fait de notre propre personne.
Ce MOI reflète aussi ce que l’on met en place dans notre pratique professionnelle.
On pourrait dire que c’est en quelque sorte notre colonne vertébrale, ce qui nous constitue dans notre relation aux autres, mais c’est une colonne vertébrale que l’on connait, avec ses imperfections. 
C’est donc sur cette colonne vertébrale que l’on va s’appuyer pour soutenir notre double appartenance : à notre histoire personnelle, à notre histoire professionnelle.
Mais l’anthropologie apporte aussi un autre éclairage sur la construction de cette colonne vertébrale.
Je vais reprendre ce qu’en dit Maurice GODELIER ( anthropologue français)
 Il considère qu’il n y a pas qu’un MOI qui constitue l’individu, mais 3.
Le MOI affectif
Le MOI cognitif et social
Le MOI des préjugés, des présupposés contre lesquels il faut lutter, se décentrer.
Alors en tant qu’AF relais , mais cela est vrai je pense pour tout professionnel, je vais m’interroger sur ce qui est le plus prédominant dans ma relation à l’enfant , donc ce sur quoi il va s’appuyer pour développer une figure d’attachement : 
Est-ce que je suis  soutenue par mon MOI affectif, c’est à dire par un langage qui fait avant tout ressortir mes émotions ?
Est-ce que je suis soutenue par mon MOI cognitif et social, c'est-à-dire par un langage qui s’appuie prioritairement sur ma pensée, mes réflexions, mes normes sociales et éducatives ?
Est-ce que je suis soutenue par mon MOI des préjugés, qui me ferait volontiers dire que l’AF qui accueille à titre permanent l’enfant ne s’occupe pas de cet enfant  comme je pense qu’elle devrait le faire ? 
Nous pouvons constater que notre sac à dos est bien chargé d’éléments complexes. Il n’y a finalement pas que l’enfant qui a un sac à dos chargé. 
Les professionnels que vous êtes sont comme les enfants, bousculés par des processus qui alimentent de manière plus ou moins explicites, visibles, les conflits de loyauté.
Comment se rendre disponible, comment travailler ces conflits de loyauté qui viennent perturber les figures d’attachement que l’on voudrait sécures pour l’enfant.
Je vais commencer par une évidence : le préalable bien sûr c’est accepter que l’on peut être pris dans des conflits de loyauté. 
Dans la pratique, le mode visible des conflits de loyauté, surgit sous forme de jeux psychologiques, souvent répétitifs et  que je vais illustrer par l’exemple du triangle dramatique de KARPMAN (psychologue américain qui a présenté cette théorie en 68).

Ces jeux psychologiques apparaissent quand nous sommes dans certaines situations d’interaction conflictuelles. 
Repérer qu’il y a des jeux psychologiques entre l’AF relais, l’AF permanente, un éducateur etc.. c’est repérer qu’il ya du conflit de loyauté sous jacent.
Il n’ y a pas que des conflits de loyauté bien sûr, il y a d’autres formes de conflits possibles. Mais si l’on garde ce cas de figure, un conflit de loyauté, l’AF relais, endosse de manière interchangeable ces 3 rôles : le rôle de la victime, le rôle du persécuteur et le rôle du sauveur. Mais on a souvent un rôle qui domine plus que les autres.
Je vais définir rapidement ces rôles :
Prendre le rôle de victime, c’est par exemple dire : « après tout ce que j’ai fais pour cet enfant… » ou bien «  je n’ai rien fait pour créer cette situation que je ne peux pas changer… »
Prendre le rôle du persécuteur, c’est par exemple dire : « je n’y suis pour rien, c’est la faute des autres. Je fais tout mon possible pour que l’accueil  de cet enfant se passe bien ». Ou encore, en s’adressant à sa ou son collègue : «  Je ne veux pas te blesser mais je vais être franche avec toi… et l’AF donne ses conseils sur la conduite qui lui semble la seule correcte à tenir.
Prendre le rôle du sauveur, c’est se penser foncièrement bon et par exemple proposer son aide à la collègue même si celle-ci exprime clairement qu’elle n’en veut pas .
Le propre du triangle dramatique c’est qu’il est alimenté par le changement de rôle. La victime devient bourreau ou sauveur, le sauveur devient victime ou bourreau, etc… 
Donc vous voyez la difficulté pour l’AF elle- même : il y a tout de même beaucoup de bénéfices dans e type de fonctionnement. Et puis vous voyez la difficulté pour les autres membres de l’équipe qui s’y perdent aussi pour soutenir l’AF.
Pour sortir de ce triangle, il faut arrêter le jeu. Et pour arrêter le jeu, il est nécessaire de prendre de la distance par rapport à ce qui est dit et surtout prendre conscience du jeu qui est en train de s’installer, pour être en capacité de  refuser d’y entrer.
Prendre de la distance, c’est prendre la réalité de l’autre en compte, c’est faire un pas de côté, se décentrer par rapport à ses propres émotions et ressentis. C’est être disponible pour accueillir l’autre comme il se présente.
Pour être une figure d’attachement sécure, pour être disponible affectivement et psychiquement à l’enfant, il est donc nécessaire de s’alléger le plus possible des conflits de loyautés qui nous encombrent.
C’est par cette démarche que l’AF relais pourra avoir réellement une bonne image de soi.
Ce qui pose la question de l’accompagnement de l’AF relais dans ce processus par l’institution. ( analyse des pratiques , groupes de paroles, formation etc…)
Un proverbe africain que j’empreinte pour la circonstance dit «  il faut tout un village pour éduquer un enfant ».
L’équipe pluriprofessionnelle représente ce village, avec les parents de l’enfant.
Si l’AF relais se sent partie intégrante de ce village, elle trouvera alors les conditions nécessaires pour  soutenir le désir de représenter une figure d’attachement sécure pour l’enfant .

 Et enfin, 4ème point en guise de conclusion
Pour conclure, je vais reprendre des extraits d’un article que j’aime particulièrement, de René CLEMENT, psychologue, psychanalyste qui a travaillé  à l’ASE et publié de nombreux ouvrages :« Aimer les enfants à quel titre » (communication faite dans le cadre des journées d’étude d’avril 1990 organisées par l’union fédérative des familles d’accueil et assistantes maternelles), article qui a plus de 20 ans mais qui est toujours très actuel .
« Si nous tenons tellement à nous occuper de ces enfants et à leur apporter un peu de bonheur, c’est bien qu’ils nous concernent de près, c’est bien parce que nous nous retrouvons un peu en eux ou parfois beaucoup, au moins dans leurs histoires de famille compliquées et un peu folles.
Cela nous fait du bien à nous de leur faire du bien à eux, et c’est pourquoi ça nous fait si mal lorsqu’ils ne vont pas suffisamment bien pour accepter le bien que nous voudrions tellement leur donner…
Le problème, c’est qu’il y a dans tout cela une grande confusion entre leur histoire et la notre. Nous risquons de confondre, de manière inconsciente, le bon pour nous et le bien pour eux…. 
La part d’émotion et d’affectivité qui fonde note sensibilité personnelle est précieuse. C’est ce que l’on pourrait appeler l’intelligence du cœur. Comment faire en sorte que ce ne soit pas la seule et que notre intelligence intellectuelle, critique, puisse aussi nous servir de guide pour comprendre ce que nous vivons et sentons ?
Lorsque nous acceptons de mettre en réflexion et en question notre pratique et notre vécu, nous sortons de la logique de l’amateurisme. Nous accédons à la dimension du métier qui consiste à accepter de travailler les points de butée pour avancer ».
Je terminerai mon exposé en vous proposant 2 chemins aventureux .
Prendre le chemin de l’accueil relais, c’est pouvoir accepter d’accompagner l’enfant vers des séparations et des retrouvailles, même si les retrouvailles sont accueillies par d’autres .
Prendre le chemin de l’accueil relais, c’est accepter d’être une figure d’attachement et permettre à cet enfant d’aller vers d’autres figures d’attachement.
Multiplier les figures, oui, mais essayons de comprendre de quelles figures  nous sommes dépositaires quand nous accueillons un enfant.