lundi 19 octobre 2020

 

Protection de l'enfance : quelles mesures pour les enfants placés ?

Un an après son lancement, quel bilan pour la Stratégie Nationale de Prévention et de Protection de l'Enfance ? Le Secrétaire d'État en charge de l'Enfance et des Familles Adrien Taquet dresse un point d'étape et annonce une nouvelle série de mesures.

Protection de l'enfance : quelles mesures pour les enfants placés ?
©  RETMEN-SIPA

[Mise à jour du 14 octobre à 13h07]. "Dans certains territoires, 40% des enfants placés ont un parent qui a lui-même été placé dans sa propre enfance, tandis que 25% des sans domiciles fixes et 20% des adultes en détention sont d'anciens enfants placés. (...) "Je veux que nous prenions des décisions qui permettront aux enfants protégés de se considérer et d'être considérés comme des enfants comme les autres" expliquait Adrien Taquet en octobre 2019 lors de la présentation de sa stratégie de prévention et de protection de l'enfance. Mis en œuvre dès janvier 2020 avec un budget de 80 millions d'euros, ce plan destiné à réformer l'aide sociale à l'enfance a déjà porté ses fruits et plusieurs mesures phares sont déjà en place. 

La création d'une nouvelle agence 

Dans le cadre de la réforme de la gouvernance qui a pour objectif de rassembler des organismes existants et d'agir en tant que socle commun de droits pour tous les enfants, le secrétariat d'État souhaite la création d'une nouvelle agence. Celle-ci rassemblera  le Groupement d'intérêt général enfance en danger (Giped), l'agence française de l'adoption (AFA), le Conseil national de la protection de l'enfance (CNPE) et le Conseil national pour l'accès aux origines personnelles (CNAOP). Cette nouvelle entité sera à la fois chargée  "de la gestion des différents dispositifs de prévention et de protection de l'enfance, de missions de conseil, d'avis et de concertation mais aussi missions d'études et de statistiques", indique le communiqué publié ce 14 octobre 2020. 

L'adoption simple pour les familles d'accueil ? 

Cette mesure permettrait aux enfants de ne plus être "ballotés" de famille d'accueil en foyers, où ils sont parfois victimes de maltraitance. Car actuellement, les familles accueillent les enfants provisoirement, et lorsque ces derniers ne peuvent retourner dans leur propre famille, l'adoption est interdite par l'ASE, alors que 14000 familles ont un agrément en vue d'une adoption. "Je souhaite que nous renforcions l'accompagnement des projets d'adoption et que nous puissions accélérer les projets de délaissement et favoriser l'adoption simple" a-t-il ajouté. L'objectif n'est pas encore atteint mais la députée LREM de l'Isère, Monique Limon, a déposé en juin 2020 une proposition de loi en ce sens visant à réformer l'adoption. "Ce texte doit permettre de renforcer et de sécuriser le recours à l'adoption comme outil de protection de l'enfance, lorsque celui-ci correspond à l'intérêt de l'enfant concerné.", indique le communiqué. Cette proposition de loi sera examinée au Parlement en décembre 2020.

La refonte du statut des assistants familiaux 

La refonte du statut des assistants familiaux est l'un des enjeux majeurs de la stratégie mise en place par le Secrétariat d'État en charge de l'Enfance et des Familles. Ils accueillent aujourd'hui la moitié des enfants placés et le projet vise à revaloriser leur rôle et leur place ainsi qu'à soutenir leurs conditions de travail et d'exercice. Il s'agira non seulement d'améliorer leur rémunération mais aussi de leur offrir un soutien et des garanties d'exercice. Plusieurs réunions de travail ont eu lieu au cours de  l'année et les premières conclusions doivent être présentées en janvier 2021.

Protection de l'enfance : comment prévenir les risques ?

D'ici 2022, le Secrétaire d'Etat souhaite que 100% des bilans de santé soient réalisés à l'école maternelle (contre 70% actuellement), avec un renforcement des moyens des cellules d'informations préoccupantes. En ce qui concerne les futures et jeunes mamans, le gouvernement prévoit d'atteindre un taux de couverture de 20% des besoins en termes d'entretien prénatal précoce, mais aussi de doubler le nombre de visites à domicile prénatales par les sages-femmes de PMI, et le nombre de visites à domicile infantiles par des infirmières puéricultrices juste après l'accouchement. Enfin, pour soutenir les parents en difficultés, 20 nouveaux relais parentaux (500 nouvelles places) pourraient être créés.

Contractualiser le travail entre l'État et les départements 

"Les actions prévues reposent en grande partie sur la mise en place d'une démarche de contractualisation pluriannuelle entre l'État et les départements, fondée sur des exigences communes, un engagement financier réciproque et des indicateurs précis d'évaluation des actions conduites.", indique le gouvernement. Cette démarche a été initiée dans 30 départements volontaires en 2020. Une réussite qui a incité le secrétaire d'État à accélérer la généralisation de la contractualisation sur tout le territoire, en élargissant à 40 départements supplémentaires en 2021, soit dix de plus que  prévus.

Faire des enfants placés des enfants comme les autres

De nouvelles mesures ont été présentées pour mieux prendre en charge les enfants placés dans des familles d'accueil. La première : celle de prendre en compte la voix de l'enfant. De nouveaux indicateurs devraient enfin permettre d'être à l'écoute de la parole des enfants dans l'évaluation de la qualité des procédures et des prises en charge liées à la protection de l'enfance. Aussi, pour lutter contre les ruptures de parcours, Adrien Taquet préconise de mettre en place un bilan de santé obligatoire pris en charge par l'Assurance maladie pour chaque enfant qui entre dans le dispositif de protection de l'enfance, et garantir ensuite la continuité du parcours et de l'accès aux soins des mineurs non accompagnés jusqu'à leur majorité. Autres mesures phares : contrôler les lieux d'accueil en établissant des critères de qualité sur la prise en charge des enfants, créer (d'ici 2022) 600 nouvelles places d'accueil pour répondre aux besoins spécifiques des enfants placés et permettre notamment aux fratries de grandir ensemble. En outre, le retour à domicile devrait être mieux accompagné et le quotidien des enfants placés facilité avec une simplification des notions d'actes usuels et non usuels.

Des albums photos pour créer des souvenirs d'enfance

Parce que trop de jeunes n'ont aucun souvenir de leur enfance faute de traces, Adrien Taquet souhaite créer un album réunissant les photos de chaque enfant placé. "La création d'un album de vie leur permettra d'en conserver pour le reste de leur vie et contribuera à ce que les enfants protégés se considèrent tels qu'ils sont : des enfants comme les autres" avait-il précisé.

Accompagner les enfants placés en situation de handicap

25% des enfants placés sont en situation de handicap. "Certaines études ont montré que près de 32% des enfants confiés à l'aide sociale à l'enfance ont un suivi psychiatrique contre 2,6% en population générale", expliquait Adrien Taquet. Ce sont ces situations que l'on qualifie souvent d'"incasables", car les suivis nécessitent des interventions croisées de l'aide sociale à l'enfance, du sanitaire, du médico-social et parfois de la protection judiciaire de la jeunesse. Il faut que nous engagions la création de dispositifs et de services qui répondront aux besoins de ces enfants : des équipes mobiles, des places d'accompagnement et d'hébergement mixtes, des
SESSAD ou des accueils de jour seront ainsi mis en place" préconise le Secrétaire d'Etat.

Un soutien scolaire pour les enfants protégés

Soutien scolaire, accès à la culture, aux sports et aux loisirs... Qu'il s'agisse de la santé, ou du droit à l'éducation et à la scolarité, Adrien Taquet tient à ce que chacun possède les mêmes chances de réussite que les autres enfants. En effet, "à l'âge de 15 ans, les enfants de l'ASE sont trois fois plus déscolarisés que les autres enfants, et à 16 ans, 16 % des enfants confiés ne sont plus scolarisés, contre 6 % en population générale", précise-t-il. Une attention particulière sera donc portée pour que le programme "devoirs faits" bénéficie aux enfants protégés comme aux autres dès 2020. Le dispositif de soutien scolaire numérique fonctionne déjà pour les enfants hospitalisés et permettra de soutenir les enfants de l'aide sociale à l'enfance face au décrochage scolaire et aux difficultés à l'école. En outre, les enfants de l'ASE pourront avoir recours aux internats scolaires l'an prochain et des places dans les internats des lycées d'excellence seront notamment réservées aux jeunes.

Co-saisine de deux juges en cas de décisions complexes

Le gouvernement souhaite également faire appel à deux juges lorsqu'une décision difficile ou déterminante pour la vie de l'enfant devra être prise, afin de garantir sa collégialité, sa pertinence et sa conformité avec les besoins de l'enfant. "La Garde des sceaux
prévoit une mesure forte pour renforcer les garanties procédurales devant le juge des enfants : l'introduction de la collégialité pour les décisions complexes
", précise Adrien Taquet.

Une aide pour les jeunes de 18 ans. Rappelons qu'actuellement, les jeunes de l'ASE doivent voler de leurs propres ailes à 18 ans, alors qu'il ne peuvent être autonomes à cet âge. En moyenne, l'âge auquel les adolescents quittent leur foyer familial est 23,6 ans, et leur premier emploi stable se situe entre 27 et 28 ans, rappelait le CESE dans ses recommandations sur l'accompagnement des jeunes majeurs. Pour éviter ce que l'on appelle "une sortie sèche", le gouvernement souhaite accompagner les jeunes dans leur recherche d'emploi, d'insertion, de logement et "créer un fond de solvabilisation national des jeunes sortants pour l'accès à un logement, de type fonds de solidarité logement". Enfin, les jeunes pourront bénéficier de bourses universitaires, d'accès facilité au logement étudiant pour assurer une meilleure égalité des chances.

jeudi 8 octobre 2020

 6 OCTOBRE 2020 

★ INITIATIVE - Il faut en parler…

Charlotte Pudlowski a enquêté sur l’inceste, une violence répandue, alors que le silence règne. Elle a créé un podcast Injustices qui décortique les injustices structurelles qu’elle présente. La saison 2, intitulée « Ou peut-être une nuit » est consacrée au silence le plus épais qui fait encore taire les victimes de violences sexuelles.

A retrouver sur : https://louiemedia.com/injustices-2/ou-peut-etre-une-nuit

lundi 7 septembre 2020

 

  • Bébés / Enfants
  •  

  • Psycho-pédagogie
  •  

  • La Communication Non Violente : pour une écoute bien-traitante des émotions du jeune enfant
  • La Communication Non Violente : pour une écoute bien-traitante des émotions du jeune enfant

    La Communication Non Violente (CNV) est désormais connue et reconnue en France. Notamment dans le secteur de la petite enfance où elle a ses adeptes. Arnaud Deroo en est un... La CNV permet le langage des émotions. C’est pourquoi elle est particulièrement bien adaptée à la qualité d’accueil du jeune enfant, que le formateur-thérapeute prône et défend avec acharnement.
    Au commencement, les émotions
    Françoise Dolto disait : « le jeune enfant est un être social, un être de langage ». Il est aussi et avant tout un être d'émotions, un être de besoins. Emotions et besoins qui ont justement besoin d’être entendus, reconnus, nommés, respectés et mis en mots pour l'aider à se construire au monde. Si un jeune enfant n'est pas entendu dans son vécu émotionnel, voire même puni, mis en retrait, il sera fragilisé dans son estime de soi, sa sécurité intérieure si indispensable pour son devenir adulte. L'émotion est ce qui se meut en soi, en l'enfant, ce qui met en mouvement, en vie. L'émotion est physiologique : le jeune enfant va la sentir, la ressentir dans tout son corps et va ensuite l'exprimer avec tout son corps. Une émotion vécue par l'enfant est parfois bruyante (souvent diront certains) dérangeante, déstabilisante...

        Sophie, 3 ans, dès le réveil crie à son père quand il rentre dans sa chambre : « non pas toi, je veux maman ».
        ou encore
        Julie, 2 ans, à la sortie de la crèche, jette son croissant et crie avec rage : « non je veux un petit pain ».
        ou aussi
        Jules lève sa main sur sa mère qui allaite le bébé.


    Ces quelques exemples (je pourrais en donner d'autres) font partie de votre quotidien, se répètent plusieurs fois par jour et sont multipliés par le nombre d’enfants accueillis ! Les enfants ne sont pas plus difficiles qu'avant, les enfants ne sont pas sages ou sages, ils sont.
    Le jeune enfant vient au monde démuni, son identité va se construire par le jeu inter-relationnel entre lui et sa sensibilité propre, sa famille, son environnement social et culturel. La personnalité de l'enfant va s'épanouir selon la nature et la qualité des échanges qu'il va vivre avec les adultes. Plus l'enfant a face à lui des adultes en conscience, en contact avec ses émotions et besoins, plus l'enfant aura des chances de grandir en autonomie. Le jeune enfant doit se sentir aimé, respecté, c'est un besoin fondamental, non un plus. Cet amour ressenti donne la base de sécurité indispensable pour aller à la rencontre avec soi et les autres. 
    C'est une relation de « cœur à coeur », d'être sensible à être sensible dont l'enfant a besoin. L'émotion est un langage : ses cris, ses pleurs, ses plaintes, ses agitations vous disent quelque chose, à vous d'être son décodeur. Ce n'est pas simple pour lui non plus, et votre présence calme et attentive va l'aider à passer le cap émotionnel. Servir de décodeur, aider l'enfant dans ce vécu émotionnel est un beau présent, dans le présent, à lui faire. Voyez combien, nous adultes, nous sommes parfois emmêlés, parasités dans et par nos émotions : boules au ventre, à la gorge, larmes aux yeux…

    Une écoute bienveillante pour une communication bien-traitante
    Nous sommes bien souvent prisonniers de nos émotions puisque nous avons nous-mêmes reçu une écoute non bien-traitante.

    « Tu ne vas pas pleurer pour ça »
    « T'es grand maintenant »
    « Va dans ta chambre »
    « Tu l'as vu celle-là, tu vas savoir pourquoi... »

    En CNV, cela donnerait plutôt :
    « oh la, tu as beaucoup de chagrin »
    « Tu grandis, c'est chouette »
    « Je pense que nous avons besoin de nous mettre en retrait »


    Offrir à l'enfant des adultes qui accueillent avec bien-traitance les émotions va lui permettre de développer son autonomie, sa confiance en soi, son esprit critique, son capital bonheur... L'émotion n'aime pas être interrompue, elle a un cycle de vie qui lui est propre, elle surgit et disparaît sur un mode tout a fait imprévisible et irrationnel. Une émotion a besoin de s'exprimer là maintenant, elle a besoin d'être entendue, acceptée, reconnue. Le jeune enfant face à ces états émotionnels est démuni, c'est pour cela que la réaction va être souvent motrice et vive, cela est dû à son immaturité neurologique et non contre vous (si bien expliqué par Catherine Gueguen dans son ouvrage). Même dans ses états de colère l’enfant enfant a besoin de vous. Si les adultes n'aident pas suffisamment un enfant à gérer ses émotions, l'enfant risque de ne pas développer des compétences futures pour gérer correctement son stress. Plus tard, l'enfant pourra également avoir des difficultés à développer son empathie pour lui-même et pour les autres. La Communication Non-Violente ou bien-traitante peut alors apporter aux adultes des jalons pour développer cette écoute, cette relation.

    Je pense que le sens de la vie est « d'aimer l'autre » l'aider à grandir, à s'épanouir. Cette idée est donc encore plus vraie pour les adultes qui accompagnent les enfants. Accompagner l'enfant, l'aider à grandir, ne devrait être que du bonheur, celui de de voir s'épanouir à la vie l'enfant.
    La Communication Non-Violente peut permettre aux adultes de developper un regard bien-traitant vers l'enfant et offrir une fluidité dans la relation. Le jeune enfant a besoin d'être regardé, et de nos jours, il est de moins en moins regardé vraiment et pour ce qu'il est. Trop souvent, il est regardé avec des filtres tels que : « bien se comporter, être sage, ... »

    La CNV : fondée sur l’empatahie et au service de la vie
    La Communication Non-Violente permet de développer une éducation au service de la vie et de la joie. Elle permet de voir l'enfant dans le moment présent, c'est une clé pour une éducation citoyenne.
    Marshall  Rosenberg qui a construit ce modèle de communication (mais qui est beaucoup plus qu'un outil, c'est une éthique relationnelle) invite les adultes à s'exprimer dans un langage relié à la vie. La CNV invite les adultes à s'exprimer en termes de sentiments et besoins au lieu de formuler des jugements, des interprétations, opinions et ensuite à chercher ce que l'enfant demande, dit par son comportement.

    « T'es vraiment infernal »
    « Tu es agaçant »
    « T'arrêtes pas une minute, c'est pas possible »
    « Regarde ton copain, lui au moins... »

    en CNV cela donnerait plutôt :
    « Tu as besoin de courir, viens ... »
     « J'ai besoin de calme pour jouer à ce jeu »


    La Communication Non-Violente invite les adultes à regarder les comportements des enfants avec une lecture de leurs émotions et besoins : « que me dit-il ? » et à en trouver la cause pour établir la communication. Elle part du postulat que tous les humains grands ou petits partagent les mêmes besoins et que derrière tout comportement, émotion, se trouve un besoin satisfait ou non et que le langage influence notre façon d'être relié à l'autre : il y a des mots qui aident à grandir et d'autres pas.
    La Communication Non-Violente invite les adultes à développer leur empathie vis-à-vis de l'enfant. Cette empathie est indispensable car l'enfant n'a pas les mots, l'adulte va devoir être chercheur, traducteur, décodeur, repérer ce qui peut se passer pour l'enfant pour l'accompagner.
    La CNV ne doit  pas être vécue comme un outil, car vous pouvez avoir les meilleurs outils possibles et ne pas savoir vous en servir. L’intégrer ne suffit pas, il est bon avant tout de l'enclencher tout d'abord pour soi, pour ensuite l'offrir aux enfants. Notre éducation a fortement développé notre pensée et nous éloigne de notre ressenti.

    La CNV : d’abord un travail sur soi
    Pour offrir une relation non-violente vers l'enfant, soyons d'abord en tant qu'adulte à notre propre écoute intérieure sans violence, sans culpabilité, sans jugement.
    S'approprier la CNV c'est se réaproprier la responsabilité de son émotion et de son besoin ce n'est pas l'autre, ce n'est pas l'enfant qui est responsable de mon état intérieur et vice-versa.
    « Je suis dans cet état émotionnel car j'ai un besoin non satisfait (ou satisfait) et j'ai donc la responsabilité de prendre soin de moi, ce n'est pas à l'enfant de prendre soin de mon besoin. »
    « Arrêtez tout ce bruit, on s'entend plus » est une formulation violente.
    En CNV, l'adulte cherche une solution pour satisfaire leur besoin de bouger ou comment satisfaire son besoin de calme en proposant une activité aux enfants. Intégrer, vivre la CNV au quotidien, demande selon moi que vous nettoyiez avant tout votre propre histoire éducative, vos croyances, principes, attentes, illusions. Etre professionnel de la petite enfance n'est pas sans risque car dans la relation aux enfants vous pouvez être rattrapés par votre histoire et le risque alors est que votre communication soit non bien-traitante.
    N’oubliez pas : en apprenant à identifier vos sentiments et besoins, en apprenant à porter sur vous-même un regard non jugeant, et empreint de bienveillance et de respect, vous apprenez progressivement à être à l'écoute des sentiments et besoins de l'enfant et à porter sur lui ce même regard de respect, non jugeant.
    Ce regard, cette communication humaniste, va offrir à l'enfant une capacité au bonheur puisqu'il aura appris à sentir, à prendre soin de lui et de ses besoins.
    Rappelez-vous que la relation à l'enfant relève de l'extraordinaire. Il faut en prendre soin.

    mercredi 27 mai 2020

    20 mai 2020

    • TERRAIN - Journal de bord - Applaudir et remercier…


    Par Cédric C., 18 ans suivi en Maison d’enfants à caractère social.
    Pendant le confinement à 20 heures, nous nous sommes mis à nos fenêtres et avons applaudi tous les soignants en guise de remerciements pour les soins apportés auprès des victimes du Covid-19.
    De ma fenêtre, à mon niveau j’ai aussi souhaité dire merci à ceux qui prennent soin de moi depuis l’âge de 16 ans.
    Ceux ne sont pas des médecins, ni des infirmiers, ni des pompiers, ce sont des éducateurs. Leur mission, nous accompagner lorsque nous traversons une période difficile de notre vie et que nous sommes contraints de nous séparer de notre famille. C’est ce qui m’est arrivé. A l’âge de 16 ans, les relations avec ma mère sont devenues si compliquées et douloureuses à vivre que la solution préconisée a été l’éloignement dans le cadre d’un placement.
    Dire merci aux éducateurs c’est aussi donner une autre image de leur travail et des lieux dans lesquels ils interviennent, les foyers. Souvent, l’image médiatique fait surtout état de l’accueil de jeunes délinquants. Dans mon foyer, la MECS Le Pourquoi Pas, j’ai découvert que c’était tout autre. Bien sûr il y a une proportion de jeunes qui passent à l’acte, qui font des embrouilles mais la majorité de ceux qui y vivent ne sont pas délinquants. Ce sont des jeunes comme moi. En arrivant dans ce foyer, un collectif de 14 jeunes, je pensais ne pas pouvoir m’intégrer. J’étais inquiet, j’avais subi du harcèlement scolaire pendant longtemps et je craignais qu’il se produise la même chose. Je n’avais plus confiance en les autres, ni en moi. Mais cela n’a pas été le cas, j’ai été bien accueilli tant par les jeunes que par les adultes. Bien sûr vivre en collectivité génère des hauts et des bas, nous ne pouvons pas nous entendre avec tout le monde mais cela développe aussi des ressources : l’apprentissage de la tolérance, de la compassion. Il y a une forme de solidarité qui se crée entre jeunes car après tout nous sommes tous là, un peu dans la même galère avec nos soucis. Quand il y a des coups de gueule, on se dit : « tiens il n’est pas bien aujourd’hui, y a un trop plein mais demain cela ira mieux. Aujourd’hui c’est lui demain cela en sera un autre ou moi ». Nous vivons avec les hauts et les bas émotionnels de chacun et nous finissons par les accepter. Nous ne pouvons pas nous entendre ni aimer tout le monde, mais j’ai vraiment créé des liens privilégiés avec certains jeunes qui sont devenus des amis et les éducateurs comme des membres de ma famille, de ma deuxième famille.
    Peu avant la date du confinement, je vivais sur le collectif, j’ai intégré un appartement géré par la MECS Le Pourquoi pour expérimenter la vie en logement autonome. Par l’annonce que chacun devait rester chez soi, de façon un peu brutale, j’ai alors fait l’expérience de la solitude mais grâce à la présence des éducateurs pas celle de l’isolement.
    Ainsi chaque jour à 20 h en applaudissant les soignants, j’ai souhaité aussi applaudir mes soignants, leur dire merci.
    Merci aux éducateurs d’être venus très régulièrement me rendre visite, d’avoir continué leur service en pleine pandémie de Covid-19, d’avoir été là pour tous les jeunes, malgré les circonstances dangereuses.
    Ce temps de confinement a été un temps de remise en question, un temps de réflexion, comme une sorte d’arrêt sur image, l’image de ma vie. J’ai repensé à ses différentes étapes, aux expériences vécues au foyer en pleine adolescence. Il n’y a pas à dire vivre en collectivité c’est surmonter des moments difficiles mais aussi se souvenir de bons moments, des cris, des pleurs, des rires et fous rires, des instants que l’on kiffe. Ma vie quoi ! Celle que j’ai vécue, que je vis et que je ne renie pas. Pour certains jeunes, être placé dans un foyer est honteux. Ils craignent d’être considérés comme des délinquants ou des « cassos ».
    Je n’ai pas honte de ce placement, je ne suis ni un délinquant, ni un « cassos, je suis un adolescent qui avait juste besoin d’être aidé pour être et devenir.
    Alors Merci aux éducateurs de m’avoir fait grandir, d’être comme ma deuxième famille.
    Merci d’avoir médiatisé les relations entre ma mère et moi, nos relations sont devenues meilleures.
    Merci de m’avoir aidé à renouer les liens avec mon père
    Merci d’être disponible, d’être à l’écoute lorsque j’ai besoin de parler de sujets que je n’aborderais jamais avec ma mère.
    Merci d’avoir pris soin de moi cela m’a permis de me reconstruire, de ne plus être dans un statut de victime et d’avoir confiance en moi. Merci pour cela
    Merci de vous être fâché, me montrant votre inquiétude et intérêt.
    Merci de m’avoir soutenu, rassuré dans mes choix.
    Merci de m’avoir donné quelques ficelles pour aborder les filles.
    Merci de m’avoir aidé à trouver les mots pour dire mes tensions, mes doutes, mes joies.
    Merci de m’avoir appris à m’aimer et à m’accepter tel que je suis.
    J’ai 18 ans, je ne peux oublier d’où je viens, par où je suis passé, avec votre aide je sais un peu mieux où je vais.
    Merci…

    jeudi 23 avril 2020

    Bonjour à toutes et tous, 

    Comme convenu, voici le lien de la tribune publiée ce matin dans Libé :


    N'hésitez pas à la relayer dans vos réseaux et sur vos réseaux sociaux. 

    Encore merci ! 

    Lyes et Anais Vrain 

    mardi 21 avril 2020

    Signataires : Acat, Ardhis, Droits d’urgence, Gisti, Kâlî, LDH et Utopia 56



    19 avril 2020

    ★ INITIATIVES - En direct de nos amis belges - n°6


    Le site www.yapaka.be a mis en ligne toute une série de vidéos très concrètes et très utiles pour aider à gérer la pandémie.
    Des spécialistes reconnu(e)s du secteur de l’enfance et de la protection de l’enfance, de l’action sociale apportent leur vision sur les moins mauvaises postures à adopter : toute la semaine Lien Social, vous fait découvrir sa sélection.
    Aujourd’hui, Vidéos de Pierre DELION pédopsychiatre, tournées par téléconférence le 26 mars 2020
    1. En contexte de crise sanitaire, quelles sont les pistes dont le professionnel de l’aide dispose pour soutenir les familles ?

    20 avril 2020

    ★ INITIATIVES - Une mine de ressources


    La période du confinement est venue bousculer le quotidien des travailleurs sociaux, les missions de poursuite éducatives venant se rajouter aux contraintes liées aux distances sociales imposées.
    L’association « Up Séjours », qui propose aux publics enfants et adolescents des structures sociales PJJ et ASE, des séjours de vacances a mis à profit son important réseau pour ouvrir un espace ressource « on pense à vous ».
    Ont ainsi pu être mis en ligne, depuis le 4 avril dernier, plus de 2 000 supports mutualisés et accessibles gratuitement en téléchargement dans le domaines aussi variés que l’accès à la presse, actualités, lecture numérique (BD, Mangas…) et livres audios ; l’aide aux devoirs de la primaire à l’université en passant par les formations professionnelles, l’initiation à des exercices de sports, de yoga et de méditation, l’accès à des jeux éducatifs sur PC (certains avec modération), l’information sur des outils de gestion de tâches, de projets, de travail à distance pour les professionnels .
    Depuis quelques jours, alors que la seconde phase de confinement a été décidée, de nouveaux services complémentaires sont mis en ligne progressivement :
    - "A LA RENCONTRE DE …" ou comment échanger en visio avec des personnalités intéressantes et inspirantes, qui ont réalisé un rêve ou fait le tour du monde par exemple.
    - "ON PASSE VOUS VOIR ! " … pour vous proposer en direct et en visio toujours des spectacles, des cours de sport, de cuisine…
    - "ON PENSE A VOUS "… ou comment d’autres enfants et adolescents pensent à vos publics, vraiment et vous le montreront via leurs témoignages !
    - "J’AI UNE QUESTION !"... sur un sujet précis d’actualité, ou un besoin précis lié à l’orientation, la scolarité… des personnes ressources répondent par chat visio.
    - "C’EST AUSSI CA"… ou comment le confinement en structures peut aussi apporter son lot de sourires, de rires et des moments complices avec ces publics…
    Animée par une équipe de bénévoles, cette initiative mérite d’être saluée et largement diffusée.
    Pour se connecter, une adresse : https://www.upsejours.social
    Cliquer sur l’onglet « on pense à vous »
    Une adresse courriel et un mot de passe sont à fournir pour entrer dans la liste des ressources documentaires et recevoir les informations sur les mises à jour.