Le 3 septembre 2019 | Marianne Langlet

handicap • Une rentrée inclusive ?

L’école inclusive, au programme gouvernemental de la rentrée, suscite de nombreuses attentes autant qu’elle inquiète et mobilise élèves, parents, associations et structures médico-sociales.
« Vous annoncez une rentrée 2019 pleinement inclusive ; quelle garantie apportez-vous pour que des milliers de jeunes n’ayant pas eu de réponse en matière d’orientation ou d’accompagnement trouvent une solution ? » Le 18 juin dernier, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, répond aux questions de la commission d’enquête parlementaire sur l’inclusion des élèves handicapés déclenchée après les multiples mouvements qui ont suivi la rentrée 2018. Selon l’exposé des motifs, elle s’interroge sur « l’écart important qui subsiste entre les ambitions du législateur en 2005 et la réalité vécue sur le terrain par les enfants et adolescents handicapés, leurs familles et la communauté éducative ». Alors son rapporteur, le député communiste Sébastien Jummel, interpelle ainsi le ministre. Quelles garanties pour cette nouvelle rentrée ?
Le discours ministériel se veut ambitieux : « Une école pleinement inclusive » qui offrirait « à chaque enfant en situation de handicap une rentrée 2019 similaire à celle de tous les autres enfants ». Le gouvernement s’engage à « mieux accueillir les parents », « simplifier les démarches », « personnaliser les parcours des élèves », notamment en installant des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) qui devront coordonner les moyens d’accompagnement au sein des écoles. En cette rentrée 2019, ils devraient être installés dans 300 circonscriptions du premier degré (sur 1 466), 000 collèges (sur 7 153) et 250 lycées professionnels (sur 1 456).
Effets d’annonce
Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), mobilisés depuis plusieurs mois pour revendiquer une revalorisation de leur statut et des salaires corrects, restent sur leur faim : la fin des contrats aidés et le passage d’un CDD d’un an à trois ans ne répondent pas à leurs attentes. Ils conservent un niveau de salaire au SMIC, 60 heures de formation et un statut précaire. Ils craignent que l’objectif de mutualisation des moyens humains d’accompagnement, installé par les PIAL, ne se fasse au détriment de la qualité de l’accompagnement et ne mette un terme à l’accompagnement individualisé. Pour les enseignants qui seront confrontés dans leurs classes à diverses situations de handicap, il est prévu une plateforme dédiée pour répondre à leurs questions et leur proposer de la documentation… Une «  cellule de réponse  » aux familles devait être mise en place de juin à octobre dans chaque département avec l’engagement que chaque appel passé reçoive une réponse dans les 24 heures…
Pour Jacques Biringer, délégué national du pôle jeunesse, éducation, scolarité et petite enfance de l’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), beaucoup d’effets d’annonces, peu de concret : « Présenter les PIAL comme la solution, c’est un peu court. Nous n’avons rien ou très peu sur la formation des enseignants, les 60 heures de formation des AESH existent déjà, si les PIAL restent simplement un outil de gestion de ces professionnels et non pas un centre ressource pour fluidifier le parcours des élèves comme nous le demandions, nous allons passer à côté de l’objectif. »
Plusieurs collectifs de parents d’enfants handicapés, de jeunes sourds et aveugles et de professionnels du médico-social manifestaient le 16 juin dernier à Paris contre une école inclusive au rabais et la fermeture de structures spécialisées au nom de cette politique d’inclusion à marche forcée. « Cet argument masque un choix économique, visant au remplacement de ces établissements par des plateformes désincarnées de services et de prestations », affirme leur pétition Urgence handicap : danger !, qui atteignait près de 25 000 signatures fin août.