vendredi 3 avril 2020

les assistants familiaux et le confinement

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3 avril 2020
• TERRAIN - Journal de bord - Ne pas oublier le
travail des familles d’accueil
Par l’Association « Ass Fam 17, ensemble ! ».

La France vit en confinement depuis plus de 15 jours.
Nous sommes Assistants Familiaux comme 40 000 autres collègues en France et nous
accueillons la moitié des jeunes placés à l’Aide Sociale à l’Enfance.
Pour permettre à ces jeunes de vivre et de s’inscrire ou de se réinscrire dans la vie
sociale, l’Assistant Familial doit etre un tuteur solide, capable de supporter les
problématiques que l’enfant ou l’adolescent emporte avec lui et apporter une base
sécure et enrichissante, appropriée à l’ensemble de ses besoins et indispensable à sa
construction.
Nous accompagnons, soutenons, éduquons des enfants « écorchés », « abimés » par la
vie.
En Charente Maritime, nous sommes aujourd’hui environ cinq cent Familles d’Accueil
(FA) à prendre en charge des jeunes de 0 à 21 ans, confiés au Département
majoritairement par le Juge des Enfants.
Et, nous aussi, nous sommes en confinement ... Tous ces jeunes sont avec nous (entre
un et quatre jeunes suivants les FA) et nous les accompagnons 24h/24 et 7jrs/7, comme
tout au long de l’année. A la différence que pendant la durée du confinement, nous
n’avons pas le moindre répit, plus la possibilité de prendre un congé sur nos 35 jours
annuels, plus de WE « repos », plus de moments intimes avec nos propres enfants et
nos conjoints.
Nous constatons que bien qu’étant des soignants, à part entière, des maux de
personnes fragiles, on ne parle quasiment ni des Familles d’Accueil, ni des enfants pris
en charge même si on commence à apercevoir quelques articles concernant les
Maisons d’Enfants à Caractère Social ou les Foyers.
Notre métier est complexe et méconnu. En ce temps de confinement, il est oublié.
Ces jeunes portent avec eux leur "sac à dos" de souffrance, d’histoire familiale difficile,
violente et parfois ont des handicaps, développant des troubles de l’attachement, de la
personnalité (violence, agressivité), troubles de l’apprentissage. Mais le soin, dont ils ont
tant besoin est aussi « suspendu » à cause du confinement. Ils n’ont plus leur rendez
vous en hôpital de jour, leurs ateliers et leurs prises en charge dans les Centres d’Action
Médico Sociale Précoce ou les Centres Medico Psychologiques sont annulées ou
éventuellement « remplacées » par des entretiens par téléphone , ce qui n’est pas
adapté à un nombre important d’enfants.
Actuellement, ces jeunes, tout comme nous, ne peuvent plus sortir : leur école, leur IME
ou leur ITEP sont fermés.
Alors que nous faisons de notre mieux et allons continuer à faire de notre mieux afin de
les accompagner à grandir, à accepter, comprendre et décrypter ce difficile moment.
Nous avons dû rajouter à toutes nos casquettes portées jusque-là au quotidien, celle
d’instit, de prof, en l’absence d’un cadre scolaire qui est le plus souvent indispensable
pour un grand nombre de nos jeunes accueillis.
Nous recevons les émotions diverses et variées de ces jeunes et nous devons les aider
à les gérer bien entendu. Ensuite, il nous faut pouvoir les travailler, les évacuer.
Nous, assistants familiaux, devons « assurer », être forts pour eux, pour éviter qu’ils
aillent encore plus mal, pour accompagner leur mal-être qui va s’amplifier avec le
temps : ils ne voient plus leurs familles, ne rencontrent plus leurs pairs, ne sortent plus.
Tout comme nous... nous ne sortons plus, nous ne voyons plus ni amis, ni collègues, ni
nos familles élargies, nous travaillons sans relâche, sans répit, mais nous sommes là
pour les enfants accueillis.
Notre Direction a mis en place des accueils téléphoniques, nous adressent des mails, la
majorité des référentes sont joignables et disponibles et ça c’est important, car ce temps
de confinement va être long.
Nous ne lâcherons pas, car il n’est pas question de laisser ces enfants et adolescents
qui ont besoin de nous. Mais, certains moments vont être difficiles, conflictuels, dans la
gestion de crise, dans la gestion de certains handicaps tel que l’Autisme ...
Nous, Assistants Familiaux, sommes des êtres humains et la fatigue psychologique et
physique va s’installer au fil des semaines de confinement, mais toujours présents au
travail.
Après le confinement, notre métier riche de pleins de petits Bonheurs, mais si complexe,
va avoir besoin de bienveillance et de reconnaissance au vu de ce que nous aurons
traversé.
Reconnaissance en permettant aux Assistants Familiaux qui le souhaitent de prendre
des congés, en convainquant nos élus de nous accorder une prime. Et même, obtenir
des temps de repos supplémentaires pour récupérer toute l’énergie que nous
déployons.
Bienveillance, mot clé de notre association de Familles d’Accueil qui questionne : une
fois le confinement fini, les Assistants Familiaux et leurs familles auront, chacune et
chacun besoin d’être écoutés, entendus, compris dans ce qu’ils auront traversé.



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