vendredi 9 décembre 2016

troubles dans le developpement psychologique de l'enfant




2/ Troubles dans le développement psychologique

Par développement psychologique, on signifie le développement psycho-affectif, émotif, cognitif, comportemental et social de l'enfant soit ce qui contribue à la formation de sa personnalité propre, mais aussi à la nature de sa relation à autrui, à commencer avec ses parents, sa fratrie, puis ses éducateurs, ses amis et ainsi de suite, et à l'incidence que ce développement a sur sa performance intellectuelle, donc sur ses capacités d'apprentissage, sur ses comportements aussi, avec ou non, contrôle des émotions et des pulsions.
 Dans tous les cas de maltraitance parentale, que celle-ci soit volontaire (enfant agressé physiquement et psychologiquement par un parent en toute conscience, pour lui faire du mal) ou involontaire ( jeune maman démunie (parent qui, le plus souvent suite à une décision de justice), est contraint de se séparer de son/ses enfants dans les cas de litige au sujet de leur garde), les troubles du développement psychologique de l'enfant sont sévères, parfois indélébiles quand ils perdurent sous forme d'état jusqu'à l'âge adulte .
Pour les troubles émotivo-affectifs avec répercussions dans la relation à autrui, sur le développement intellectuel et dans les conduites, ce sont:
                       -    les variations de l'humeur.
                       -    le repli sur soi.
                       -    la perte du contact avec la réalité.
                       -    l'angoisse et la confusion avec peurs intenses (peur du noir, peur de la mort).
                       -    le sentiment d'insécurité, l'absence de confiance en soi
                       -    blocage émotivo-affectif  (alexithymie)
Les répercussions dans la relation à autrui se manifestant par:
                       -    la méfiance
                       -    la circonspection
                       -    la retenue
                       -    le blocage relationnel
Les répercussions dans le développement intellectuel se manifestant à travers des difficultés dans les apprentissages par:
                       -    manque d'attention et de concentration
                       -    troubles mnémoniques
                       -    retard, régression, ou blocage cognitivo-affectif.
Les répercussions sur les conduites s'exprimant sous forme de désordres du comportement parmi lesquels:          
                               -      pleurs/cris/colère            
                               -    acting-out: violences, fugue, vols, etc.
                        -    auto-agression: se cogner, se frapper, se mutiler(scarifications)
                        -    tics et tocs: balancements, onycophagie, trichotillomanie
                        -    troubles du comportement alimentaire: anorexie/boulimie/état mixte
                        -    atonie: absence d'expression faciale, incapacité à se mouvoir, inertie corporelle        
                        -    mutisme, bégaiement
                        -    paralysie faciale, paralysie des membres
                        -    énurésie, défécation, coprophagie
                        -    suicide ou tentative suicidaire
                        -    phobies (peurs incontrôlables avec évitement comme agoraphobie/claustrophobie)

circle12_blue.gif  A/ Troubles émotivo-affectifs.

I/  La variabilité de l'humeur et des émotions qui accompagnent ces changements.
Exposé à un stress chronique, la qualité de l'humeur de l'enfant devient changeante; on parle d'une humeur labile qui oscille entre la tristesse, la colère, voir l'agressivité avec de courts intervalles durant lesquels il esquissera un sourire, aura un geste d'affection. On le dit capricieux, grincheux dans le meilleur des cas; autrement, on le décrit comme triste, taciturne. Ses émotions seront plutôt du registre de la colère quand il l'exprime ou inexistantes.
Labilité de l'humeur avec le plus souvent une composante de tristesse, émotions altérées, à la fois ou tour à tour exacerbées et/ou émoussées annoncent le repli sur soi qui s'exprime sous plusieurs formes.

II/ Le repli sur soi
a) les conduites d'évitement ou négation: c'est le « non » à tout en disant « non » bien entendu avec refus d'obéir que ce soit pour s'habiller, manger, dormir, aller à l'école, mais aussi se boucher les oreilles pour ne pas entendre, détourner le regard pour ne pas rencontrer celui de l'adulte, refuser d'être touché ou de  toucher, câlins et prise dans les bras sont alors évités par l'enfant et même combattus. L'enfant se réfugie dans un coin, à l'abri pense-t-il.
A noter que le manque de concentration et d'attention observé tant à la maison qu'à l'école est apparenté à la conduite d'évitement, une façon de s'abstraire d'un monde perçu comme angoissant.
b) l'attitude prostrée: il fait le « mort », ne s'intéressant plus à rien, faisant comme si il était dans un autre monde, ne bougeant plus, ne se manifestant plus : c'est l'atonie; son visage n'a plus d' expression. dans les cas les plus dramatiques, il reste couché en position foetale dans son lit ou dans un coin.
c)  les conduites de régression :conduites d'autostimulation infantile comme sucer son pouce à nouveau ou se bercer d'avant en arrière; reparler « bébé » ou cesser de parler; redemander son « nin-nin »; selon la tranche d'âge, on note soit un retard dans le contrôle des sphincters, soit une régression.
d)  automutilation: plus grave encore quand il se sent abandonné, incompris alors que l'état de frustration dans lequel il est devient intenable, l'agressivité qu'il aura pu développer envers les autres, enfants et adultes, il la retourne de plus en plus contre lui-même; c'est l'automutilation qui commence avec des tics comme se ronger les ongles, s'arracher la peau autour des ongles, s'arracher des touffes de cheveux, pour finir par se taper contre les murs, se frapper le corps.

III/ Perte du contact avec la réalité.
Le repli sur soi se prolongeant, il devient une habitude : un conditionnement se produit. Ses caractéristiques principales sont le refuge dans l'imaginaire et, en conséquence, dépendant de l'âge de l'enfant, une socialisation a minima ou la désocialisation.
D'une part, l'enfant perd progressivement le contact avec la réalité: il se réfugie de plus en plus dans son monde phantasmatique; d'autre part, c'est tout l'ensemble de sa relation au monde, aux personnes adultes et autres enfants, aux choses qui est altéré, d'où une socialisation soit interrompue, soit différée.
En s'inventant un monde à lui, l'enfant se donne du répit vis-à-vis du monde adulte qui le blesse, l'ignore, le rend à la fois triste et malheureux: le rêve, c'est sa seule et unique consolation. A remarquer que cette échappée dans le rêve ou la rêverie sera gardée comme mécanisme de défense à l'âge adulte: on dira alors que cette personne "n'a pas les pieds sur terre", qu'elle est "cérébrale".
Dans son abri phantasmatique, il y découvre un sentiment auquel le monde des adultes ne l'a pas habitué ou l'a déshabitué: le bonheur, être heureux, plus de douleurs, plus d'humiliations, plus d'incompréhensions, plus de pleurs. Pour construire une identité fragmentée à cause d'adultes insensibles à ses besoins, irresponsables ou ne pensant qu'à eux-mêmes, l'enfant est poussé à perdre le contact avec le réel.
Plus tard, le phénomène de déstructuration du moi et donc de dépersonnalisation aura toutes les chances de trouver un terrain propice à son éclosion et de se mettra en marche. On risque d'entrer alors dans les mécanismes de pensée de type autiste, schizoïde, voir schizophrénique.
Avec ce qui vient d'être dit, ne faisons plus les étonnés quand on voit un enfant se raconter beaucoup d'histoires, s'inventer une nouvelle vie, dire que ses parents ne sont pas ses parents, phantasmer sur des situations ou des personnes qui n'ont d'existence que dans sa tête. N'accusons plus cet enfant de mythomanie et de « mensonge» : il affabule parce qu'il se protège puisque soit on ne le protège pas, ou plus, ou mal, soit on l'agresse. Il affabule d'autant plus à cause de la précarité de sa condition qu'il se trouvera dans cette tranche d'âge durant laquelle la pensée magique prédomine, c'est-à-dire entre deux et cinq à six ans.

IV/ L'angoisse[1] et la confusion.
A la différence du tout jeune enfant qui, quand il vit dans de bonnes conditions familiales, croit en la toute-puissance de ses parents et en leur perfection puisque ceux-ci le protégent de façon magique de toutes personnes perçues par lui comme « pas gentilles » ou même "méchantes" et qu'ils savent résoudre toutes les difficultés qu'il peut rencontrer dans sa jeune vie, l'enfant qui subit l'agression d'un parent ou celui dont le parent se montre impuissant à le protéger et à le défendre face aux personnes qui lui font du mal, cet enfant vit dans un état d'angoisse permanent. Il n'a plus personne en qui avoir confiance, qui puisse le protéger, l'aider.
D'une part, il se sent et il est effectivement seul face au monde des adultes, un monde qu'il est en train d'apprendre à connaître mais qu'il ne comprend pas et ce, d'autant moins, que les adultes qui disent l'aimer le font souffrir tout en ignorant sa souffrance; d'où la confusion qui, dans son esprit, vient accroître l'angoisse de cette solitude si tôt perçue face à ceux qui lui tiennent un double langage et ont envers lui des comportements contradictoires.
Dans les cas où l'enfant se trouve séparé brutalement de son parent maternant, comme cela arrive à l'issue d'une décision de justice quand elle est prononcée en faveur de l'autre parent ou en faveur d'un partage de garde, à l'angoisse existentielle que peut vivre tout enfant qui subit des traumatismes s'ajoute en l'intensifiant l'angoisse d'abandon par ce parent maternant.
Devant l'immense vide affectif de cette séparation brutale, l'enfant se sent perdu, souffre dans son coeur et dans son âme. Il n'a qu'un désir, qu'un espoir qui hante ses jours et ses nuits, c'est celui de retourner auprès de ce parent même si ce dernier ne lui assure pas toute la sécurité dont il a besoin. Se produit  alors un surinvestissement affectif de l'enfant auprès du parent maternant car, à l'expérience de la rupture avec le parent aimé vécue trop tôt dans sa jeune vie, donc à l'angoisse de perdre le premier être cher qu'il a connu, s'ajoute la pré-conscience ou l'intuition de dangers futurs qu'il ne pourra être que seul à affronter, le modèle parental positif n'étant pas omnipuissant.
blue05_next.gifC'est l'expérience du double vide : le vide actuellement vécu par la séparation effective du parent maternant, celui qui est à la fois bon et méchant, bon quand il est là, méchant quand il disparaît et qu'il le laisse au parent non maternant et/ou agresseur, et le vide potentiellement appréhendé de sa propre existence face au monde extérieur.
Par ailleurs, à l'angoisse se mêle à nouveau la confusion quand il y a perte des repères familiers ou leur absence.
On l'a remarqué supra: la confusion naît quand il y a messages contradictoires donnés par les figures parentales qui sont alors perçues à la fois comme "bonnes" et "mauvaises"par l'enfant. La confusion naît aussi de l'instabilité.
Elle apparaît par exemple quand la figure parentale de référence et familière disparaît brutalement et est remplacée par le parent non maternant et/ou agresseur; ou bien, les lieux de vie de l'enfant changent ou alternent trop fréquemment au gré de ses différents foyers et ses rythmes de vie quotidiens sont eux-aussi différents selon ses endroits de vie. Bousculé dans ses habitudes, l''enfant se trouve alors déstabilisé; il a l'air "perdu"; il ne sait plus vers qui se tourner, en qui avoir confiance, qui croire car il n'a plus de points de repères ni psychologiques (plus de figures parentales familières et protectrices), ni physiques (plus de lieux ou de petites habitudes auxquels se raccrocher).
Quand on est en situation de stress permanent et donc dans un état d'angoisse constante, rien n'est plus réconfortant que de retrouver ses petites habitudes, un endroit familier, des choses familières, des figures aimantes; sinon, c'est la confusion totale.

V/ Le sentiment d'insécurité.
Le sentiment d'insécurité, une des manifestations de l'angoisse généralisée, se traduit par le manque de confiance en soi, les peurs intenses ( peur du "noir" à associer aux peurs nocturnes, peur de la mort, peur que "quelque chose" va arriver), les phobies (peurs exacerbées avec conduite d'évitement).
La manque de confiance en soi naît à la fois du climat d'insécurité dans lequel l'enfant maltraité vit et de ce dont il est témoin, les adultes qui l'entourent participant par leur paroles et leurs comportements à ce que l'enfant ne puisse les croire, avoir confiance en eux.
L'enfant ne sait jamais ce qui l'attend quand il a des parents maltraitants et/ou irresponsables. Ce climat fait d'incertitudes  et de souffrances tant en ce qui concerne les situations que les personnes de son entourage, l'enfant va à un moment donné le faire sien. Il intériorise en les faisant siennes brimades, insultes, humiliations et image de parent irresponsable et/ou inadéquat : à son tour, le doute en lui s'installe.
Plus tard, il manquera d'assurance, de réactivité, changera d'avis, le risque étant de devenir un passif-agressif qui n'assume pas ses responsabilités, prompt à projeter sur autrui ce qui ne va pas dans sa propre vie.

VI/ Le blocage émotivo-affectif
Pour se protéger et ne plus avoir à souffrir d'un manque de tendresse et d'affection ou d'un rejet, l'enfant apprend à ne rien ressentir et à ne laisser rien paraître: il semble indifférent, perdu dans son imaginaire et ses pensées.
Cette apparente insensibilité et ce qui semble être une absence d'émotivité mais qui sont de fait les manifestations d'une sensiblité et d'une émotivité cachées font que, aussi bien l'enfant que l'adulte ne parviennent plus au bout d'un temps à exprimer ce qu'ils ressentent en eux: c'est l'alexithymie ou impossibilité de parler de ses émotions et de ses sentiments et même de les identifier tout en ignorant les émotions et sentiments d'autrui.
En annulant ainsi une réalité douloureuse, cette faculté d'annulation risque de se généraliser à tout son entourage. L'enfant ne parviendra que difficilement à avoir des petits camarades, ne pouvant être que rarement spontané avec ses pairs et il ne pourra s'entendre avec eux que de façon sporadique ou exceptionnelle: ce qui s'explique par les attitudes nommées ci-dessous:

 circle12_blue.gif B/ les répercussions sur la relation à autrui étant,
                       -    la méfiance
                       -    la circonspection
                       -    la retenue
                       -    donc, toutes attitudes contribuant à la structuration d'un blocage relationnel, l'enfant ne sachant à quoi s'attendre de la part des personnes adultes (revoir supra sur le repli sur soi et le sentiment d'insécurité).

  circle12_blue.gif C/ Les répercussions dans le développement intellectuel seront  identifiables par des troubles qui surviennent lors des apprentissages.

- Types d'apprentissages chez l'enfant

Il y a deux types d'apprentissage: les apprentissage de base et les apprentissages scolaires.

Les apprentissages de base sont nombreux : motricité,  langage, dextérité manuelle fine, propreté qui va de pair avec les apprentissages sociaux comme prendre soin de son corps, de ses affaires, manger correctement, bien se tenir, être poli. Tous ces apprentissages font appel au contrôle de soi, à la maîtrise des gestes, de la pensée, des envies et des pulsions. Et là, le modèle parental prend toute son importance, toute sa place car, il n'y a pas apprentissage plus indélébile, plus difficile à corriger quand déficitaire ou imparfait que l'empreinte ou modeling [2].
Un enfant qui est soumis à un stress intense et répété, avec des modèles parentaux déficitaires, ne va pas opérer ces différents contrôles sur lui-même comme un enfant élevé sans stress continu par des parents ayant à coeur sa bonne éducation et son bien-être. Dans le premier cas, on voit l'enfant soit régresser, soit présenter un retard dans ses contrôles.
Cette observation est particulièrement pertinente aux moments de l'apprentissage à la parole ou au contrôle des sphincters. Un retard dans le langage peut être observé tout comme un retard dans le contrôle de la micturition et de la défécation. Avec les plus grands, on les voit  régresser et à nouveau faire pipi au lit, caca dans leurs jeans, sucer leur pouce, parler « bébé » ; de propres, ils deviennent sales, ne se lavent plus, ne se brossent plus les dents, n'obéissent plus du tout, ne savent plus dire « merci », « s'il vous plaît », « bonjour » ; ils perdent leurs bonnes manières.

Il en est de même avec les apprentissages scolaires.
En l'absence d'attention et de concentration, la confusion régnant dans leur cerveau, ces enfants plus préoccupés par ce qui leur arrive chez eux ou de ce qui risque de leur arriver à leur retard de l'école et à se laisser aller à phantasmer sur une vie plus agréable que soucieux de leur réussite scolaire, lire, écrire, compter et autres matières à apprendre vont être mises de côté : impossible de mémoriser soit de capter, retenir et  se rappeler ce qui s'est passé en classe. On oublie tout car on ne sait rien et on ne veut rien savoir: s'évader dans un monde imaginaire où l'on refait ce monde tel qu'on le rêve est beaucoup plus gratifiant parce qu'il permet de garder espoir.
Dans les deux cas, apprentissages de base et apprentissages scolaires, pour que ceux-ci aient lieu, il y a nécessité d'exercer son attention et de se concentrer pour bien mémoriser, attention, concentration, mémoire allant de pair; ce qui est difficilement possible quand on sait que les souffrances vont recommencer une fois sorti de l'école.

- Formes que prennent ces troubles dans les apprentissages

Au cours du développement de l'enfant, les difficultés dans les apprentissages apparaissent sous forme de régression, de blocage cognitivo-affectif ou de retard.

On observe une régression quand, après avoir eu lieu, les apprentissages reculent à un stade antérieur dans la vie du jeune enfant (exemple de l'enfant qui a été propre dès l'âge de deux ans et qui se remet à faire pipi au lit à quatre ou cinq ans) ou bien, ces apprentissages sont retardés ou lacunaires (difficultés à apprendre à lire, écrire ou compter alors que le potentiel intellectuel est bien présent) ou, de façon plus drastique, on observe un blocage mental total; l'enfant n'apprend plus, plus rien ne rentre dans son cerveau.

- Expressions de ces troubles d'apprentissage

Ces troubles dans les apprentissages, indices de perturbation intellectuelle, s'expriment par des manques: manque d'attention, absence de concentration, déficits mnémoniques, les trois étant liés car comment mémoriser si on n'est pas attentif et que l'on ne parvient pas à se concentrer. 
Ces manques vont hélas conditionner une bonne partie de la scolarité de l'enfant et peut-être influer sur son avenir socio-professionnel en lui enlevant toute motivation.
Parce qu'il se trouve précisément à ce stade de développement durant lequel toute une gamme d'apprentissages essentiels se met en place, il est impératif que le cerveau de l'enfant soit en condition de disponibilité et donc serein pour apprendre, retenir, mémoriser, mettre à profit ce qu'on lui montre, en le répétant lui-même de mémoire et en pratique car, sans attention ni concentration, point de rétention d'informations ni de rappel.
Pour l'enfant qui subit de mauvais traitements, la sérénité soit l'équilibre émotivo-affectif n'est certes pas au rendez-vous: son cerveau n'estdonc pas disponible à la concentration, à l'écoute, à la mémorisation, et l'envie d'apprendre n'est peut-être pas sa priorité, son souci premier étant plutôt de se protéger; on le comprend.
Il est soucieux, inquiet, déstabilisé, déstructuré, apeuré, angoissé,
  appréhensif au sujet de tout, de sa vie, des autres, du monde alentour. Il préfère se réfugier, cela a été observé supra, dans son monde imaginaire, ses propres phantasmes, occupé qu'il est à se recréer une vie selon ses désirs, ses jeunes aspirations,  puisque cette opération de repli, qui est une conduite d'évitement, le réconforte, le rassure. Alors, les apprentissages n'ont plus de priorité. L'enfant peut finir par les oublier s'ils ont eu lieu et il régresse, soit il stagne à un moment donné de son développement intellectuel, on parle alors d'un blocage cognitivo-affectif ou bien, s'ils ne se font que lentement et de façon lacunaire, on observera un retard.

   circle12_blue.gif D/ Désordres du comportement
Les comportements étant sous la plus grande dépendance des émotions et des pulsions que de la raison quand il s'agit de se faire du bien ou du mal, dans le contexte ici étudié, l'expression physique de l'émotion sera soit contenue, annulée, ou extériorisée tout comme la pulsion qui, dans son expression, sera soit réfreinée, soit éteinte soit agie, dirigée contre soi  ou vers l'extérieur.
Les désordres de la conduite que nous avons observé avec une fréquence variable sont:   
                    -    pleurs, cris, colère        
                    -    acting-out: violences à autrui, fugues, vols, etc.
                    -    auto-agression: se cogner, se frapper violemment, se mutiler (scarification)
                    -    tics et tocs:  rituels et manies (onycophagie, trichotillomanie)
                    -    troubles du comportement alimentaire: anorexie/boulimie/état mixte
                    -    atonie: absence d'expression faciale, regard vide, incapacité de bouger, inertie corporelle
                    -    paralysie faciale, paralysie des membres.
                    -    crises de nerfs: se rouler par terre, apnée, convulsions
                    -    mutisme, bégaiement
                    -    énurésie, défécation, coprophagie
                    -    coprophagie
                    -    suicide ou tentative suicidaire
                    -    phobies (peurs incontrôlables avec conduites d'évitement, ciblées ou généralisées
                         comme agoraphobie et/ou claustrophobie)

blue05_next.gif Nous voyons donc que le stress chronique comme il existe dans la maltraitance de tout type présente le risque de faire apparaître chez l'enfant un déséquilibre psychologique de nature émotivo-affective avec l'ensemble des caractéristiques citées supra, ce déséquilibre émotivo-affectif entraînant lui-même d'une part, soit un retard dans la socialisation, soit la désocialisation si l'enfant avait auparavant eu une bonne relation aux autres et, possiblement, plus tard, un phénomène d'asocialisation quand il y a opposition à la société et à ses règles, parce que le repli sur soi a été favorisé, la peur puis la haine des adultes et de ce qu'ils représentent ayant été alimentées; d'autre part, nous venons de le constater, ce déséquilibre émotivo-affectif entraîne par ses effets sur le psychisme de l'enfant un déséquilibre dans la performance intellectuelle et dans les comportements; nous avons cité la confusion dans le cerveau de l'enfant qui peut entraîner des phénomènes dissociatifs, le manque d'attention et de concentration, tous effets qui, en interférant avec le bon déroulement des processii cognitifs (fonctions intellectuelles comme la réflexion, analyse et synthèse, le jugement, la logique, et la mémorisation et la perception), vont expliquer chez le jeune enfant les troubles dans les apprentissages et les désordres dans les comportements et pour les plus grands, à la fois une chute des notes, des échecs aux contrôles et aux examens, signes en bref de démotivation, de démobilisation du cerveau, ainsi qu'un répertoire de conduites d'orientation asociale ou antisociale.

[1] Sur le sujet de la séparation, à lire l'ouvrage de base Attachement et perte: la séparation, angoisse, colère de John Bowlby; PUF éd, Paris 1978, 2de éd.1994.
[2] Sur les différents types d'apprentissage, à lire  le chapitre sur les conduites d'apprentissage et de mémoire, pp.177-193, dans le tome 2 du traité Neuro-psycho-physiologie de N.Boisacq-Schepens et M.Crommelinck, éd.Masson, Paris,

 De pair avec le déséquilibre psychologique qu'il induit, le stress chronique peut être retenu comme cause d'un dysfonctionnement physiologique.

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