dimanche 1 octobre 2017

article lien social



20 septembre 2017

On enferme bien les mineurs

La France comptait 876 mineurs en prison le 1er aout 2017, contre 743 en 2015. Cette augmentation de 16,6% alarme Jean-Pierre Rosenczveig, président du Tribunal pour enfants de Bobigny de 1994 et 2014. Dans son blog, il démontre que cette recrudescence du recours à la prison n’est consécutive ni d’une augmentation, ni d’une aggravation des actes de délinquance. Pour l’ancien juge des enfants, « si les magistrats ne trouvent pas d’autres réponses que la mise à l’écart », c’est le signe d’un relâchement de l’accompagnement en milieu ouvert.
« On n’a plus les moyens de prendre le temps de voir le sens de l’acte donc on apporte des réponses répressives, analyse Jean-Marie Vauchez, président de l’Organisation nationale des éducateurs spécialisés. L’enfermement des mineurs est le résultat d’un étouffement généralisé des services sociaux. On peut l’étendre à tous les champs du social, l’accueil du handicap, la protection de l’enfance… »
35 suivis pour un éducateur
« Depuis quelques années, la prévention spécialisée n’est plus une priorité, des services ferment, d’autres voient leurs moyens réduits à peau de chagrin, confirme Salvatore Stella, président du CNAEMO et membre du Conseil national de la protection de l’enfance. Quant au milieu ouvert, il y a une grande disparité entre les territoires. Il y a des secteurs où un éducateur assure le suivi de six à sept situations en AEMO renforcée, d’autres où ce chiffre grimpe à trente-cinq. Partout, les mesures d’accompagnement sont raccourcies, notre moyenne d’intervention baisse d’année en année. À moyen constant, la charge de travail augmente, si bien qu’un éducateur ne consacre qu’un tiers de son temps en intervention directe auprès des familles. »
Moins d’ASE, plus de CEF
Plus préoccupant encore, Jean-Pierre Rosenczveig craint « que l’Aide sociale à l’enfance soit plus que jamais dans l’incapacité de suivre les jeunes, notamment les 8 – 13 ans, en difficulté avant qu’ils n’arrivent à entrer de plein pied dans la délinquance ». Ce gouvernement, comme le précédent, annonce le doublement des places en centre éducatif fermé d’ici cinq ans. A raison d’un prix de journée de 600-800 euros par mineur, l’accueil dans un CEF revient pour un séjour moyen de 4 mois de 81 000 à 104 000 euros pour un jeune. 1 563 jeunes devraient y séjourner en 2017, ce qui représente plus de douze millions d’euros. Un choix politique difficile à défendre d’un point de vue tant humain… qu’économique.

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