mardi 13 février 2018

Violences sexuelles entre mineurs   : une réalité méconnue


Une partie des auteurs d’agressions sexuelles sur des mineurs ont eux-mêmes moins de 18 ans. Un phénomène souvent ignoré car mal quantifié.

LE MONDE | • Mis à jour le | Par

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Au lycée de Marvejols, en Lozère.
Le débat public s’est focalisé depuis plusieurs semaines sur des mineures victimes de violences sexuelles de la part d’hommes majeurs. Deux affaires en particulier ont attiré l’attention : dans le Val-d’Oise puis en Seine-et-Marne, deux hommes ont été mis hors de cause après des relations sexuelles avec des fillettes, âgées de 11 ans dans les deux cas au moment des faits. Devant l’indignation, le gouvernement prévoit de modifier la loi en 2018 afin d’y inscrire un seuil sous lequel un enfant ne peut être présumé consentant à un rapport sexuel avec un majeur. L’âge n’est pas tranché mais se situera entre 13 et 15 ans. Cependant, des associations attirent aujourd’hui l’attention sur un phénomène ignoré mais bien réel : une partie des auteurs de violences sexuelles sont eux-mêmes des mineurs.
Le fait est peu évoqué parce que mal connu. Le travail statistique se concentre sur les victimes. Selon l’enquête Violences et rapports de genre (Virage), réalisée par l’Institut national d’études démographiques en 2015 sur un échantillon représentatif de la population française – 27 268 personnes dont 15 556 femmes et 11 712 hommes – et publiée en novembre 2016 : une femme sur sept (14,5 % des femmes) et un homme sur vingt-cinq (3,9 %) déclarent avoir vécu au moins une forme d’agression (ou exhibitionnisme ou harcèlement). Or, parmi les femmes victimes de viol ou de tentative, 40 % l’ont été avant 15 ans et 16 % entre 15 et 18 ans. C’est également le cas de trois quarts des victimes hommes.
L’âge des auteurs, en revanche, est mal connu. « Les enquêtes s’intéressent au contexte de l’agression plutôt qu’à l’âge de l’agresseur », relève Alice Debauche, sociologue associée à l’INED. Ce dernier n’est pas toujours connu. En outre, les mineurs ne font en général pas l’objet d’enquête spécifique en raison de contraintes légales : les réponses doivent être anonymes. Résultat : seuls les majeurs sont interrogés sur leur passé.

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