samedi 15 octobre 2016

le conjoint de l'assistant familial

Le conjoint de l’assistante familiale :

On se situe ici dans le cadre de la parentalité d’accueil et non de la parenté, c’est une précision importante. À ce sujet de récentes études sur la question de l’homme en accueil familial (Martins, 2010 ; Chapon, 2010) ont montré que le conjoint de l’assistante familiale est un acteur essentiel de l’accueil familial. Son statut de bénévole ne facilite pas son positionnement auprès des professionnels de l’accueil, et la collaboration avec les travailleurs sociaux repose sur la volonté des acteurs à travailler ensemble. La représentation des travailleurs sociaux à l’égard du rôle du conjoint est celle d’un père qui vit dans sa famille et partage un quotidien avec sa femme, leurs enfants et les enfants placés. Ils lui attribuent un rôle d’autorité, un rôle de tiers dans la relation entre l’assistante familiale et le jeune accueilli et un rôle de soutien de son épouse dans l’exercice du métier d’assistance familiale.
Toutefois il est difficile de nommer cet homme ; pour une grande part des travailleurs sociaux le conjoint de l’assistante familiale est époux, père de ses enfants, mais également « père d’accueil qui n’est pas un père » (Martins, 2010, p. 109). Nommer cet homme est difficile parce qu’il n’est pas légitimé en droit, ni rémunéré pour être responsable de la prise en charge de l’enfant devant une autorité (Martins, 2010 ; Chapon, 2010). Cependant, dans les discours et les écrits professionnels, l’expression « père d’accueil » demeure, parce qu’il apparaît important de désigner et de nommer les places de chacun. Cette désignation se fait en référence à notre histoire familiale et à notre système de parenté. On ne peut nommer que ce que l’on connaît. Dans l’accueil familial, comme dans les familles recomposées ou encore les familles homoparentales, on est face à de nouvelles configurations familiales, à de nouvelles places et de nouveaux liens. L’étude de Martins (2010) comme les discours des professionnels à l’égard du conjoint de l’assistante familiale font référence à la « paternité sociale ».
Or, si l’on revient à la question qui nous préoccupe, à savoir celle de l’appartenance de l’enfant, il apparaît important d’éviter de rattacher le conjoint de l’assistante familiale à la paternité sociale, car, comme nous venons de le voir, on ne peut le positionner sur le registre de la parenté, de la filiation, et on ne peut l’identifier en tant que père pour les enfants placés, puisqu’il est seulement père de ses propres enfants, nommé et reconnu ainsi par son épouse. Pourquoi vouloir le désigner en tant que « père d’accueil », « père social » ? Le désigner en tant que « père social » pour les enfants placés, c’est se référer au domaine de la parenté, en opposition au domaine professionnel qui caractérise les assistantes familiales. C’est aussi permettre un glissement possible vers le registre de la possession en tant que parent. Afin de permettre un positionnement plus juste des places de chacun, et notamment du conjoint, il est préférable de mobiliser le concept de « paternalité d’accueil » et non de « paternité sociale ». La paternalité d’accueil renvoie à l’exercice de fonctions paternelles sans avoir le statut de père et plus largement à une remise en question de l’exclusivité de la filiation (Chapon, 2010).
Tout comme aujourd’hui l’expression « mère d’accueil » semble désuète et hors de propos, compte tenu de l’évolution et de la reconnaissance du statut d’assistante familiale depuis plusieurs années, du renforcement de la professionnalisation et de la promotion sociale par la possible obtention du diplôme d’État d’assistant familial, il apparaît tout aussi capital de modifier le regard porté sur le conjoint.
Chapon Nathalie, « À qui appartient l'enfant en accueil familial ? » Dialogue 3/ 2011 (n° 193), p. 153-164 « Sexualité et parole » chez ERES

Le contrat d’accueil : article L 421-16 du CASF. Ce contrat précise notamment le rôle de la famille d’accueil et celui du service ou organisme employeur à l’égard du mineur et de sa famille…. Il fixe les modalités de remplacement temporaire à domicile de l’assistante familiale, le cas échéant par un membre de la famille d’accueil.

On peut entendre par « remplacement temporaire » la prise en charge d’un jeune par le conjoint ou par un enfant majeur de l’assistante familiale lorsque cette dernière n’est pas en capacité de l’assurer  pour un déplacement, en cas de maladie, de formation ou autre.



Protection de l’enfance : améliorer le dispositif dans l’intérêt de l’enfant

 La commission des affaires sociales du Sénat a confié, en début d’année, à Muguette Dini et Michelle Meunier

5 commentaires:

  1. La compétence des travailleurs sociaux n’est pas le produit d’une accumulation de savoirs mais celui d’une disposition à agir. Cette disposition ne peut être liée à la réalisation de performances individuelles. Elle doit s’inscrire dans une démarche collective de réappropriation du sens de l’action par la définition commune des objectifs de l’intervention. Dans ce contexte, l’enjeu de cette nouvelle phase de la professionnalisation du placement familial ne consiste pas uniquement à donner aux assistants familiaux des savoirs et des outils pour mieux appréhender les situations et faire davantage face aux difficultés inhérentes à l’exercice de leur profession. Celle-ci doit également contribuer à développer la capacité des équipes pluriprofessionnelles à intégrer dans leurs compétences l’expertise issue des pratiques spécifiques des assistants familiaux.

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  2. Sur le plan statutaire, seule l’assistante familiale exerce cette fonction, parce qu’elle est la professionnelle agréée et recrutée à cet effet, alors que, dans les faits, son conjoint participe à l’accueil du jeune. En définissant l’expression « famille d’accueil » (l’assistant familial constitue avec l’ensemble des personnes résidant à son domicile une famille d’accueil 

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    1. Donner des droits clairement définis faciliterait la collaboration entre le service de placement familial et l’ensemble des membres de la famille d’accueil. Il clarifierait les positions de chacun et permettrait peut-être au jeune d’être moins partagé entre sa famille et celle qui l’accueille.

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  3. Un nouveau statut de la famille d accueil faciliterait la collaboration entre le service de placement familial et l’ensemble des membres de la famille d’accueil. Il clarifierait les positions de chacun et permettrait peut-être au jeune d’être moins partagé entre sa famille et celle qui l’accueille.

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  4. Vivant pleinement le rôle de père de 2 adolescents et aussi de conjoint-bénévole-aidant son épouse ass fam, je ressens le besoin impérieux d’une certaine reconnaissance.
    “Nous“ accueillons un bébé et un enfant de 5ans et mon rôle est une évidence dans l’aide à mon épouse.
    Ce rôle m’est attribué aussi d’office par l’Aide Sociale à l’Enfance.
    Il n’est pas possible qu’une ass fam puisse exercer SEULE cette fonction.
    Aujourd’hui ce statut est largement dépassé et implique tellement l’époux et sa famille que l’appellation FAMILLE D’ACCUEIL prend toute sa valeur.
    Pour autant si la "participation et l’investissement" sont grandement appréciés, il n’existe aucune reconnaissance réelle.
    Notre emploi du temps, nos activités quotidiennes, nos fins de semaine, nos nuits aussi, tout est remis en cause par ces accueils qui nécessitent une double implication :
    celle de l’ass fam en contrat et celle de son conjoint.
    Et cela seulement pour un agrément pour 2 accueils !
    La conjugaison d’une sollicitation quasi-impérative et l’implication dans les responsabilités rend l’absence de statut et de reconnaissance comme injuste.
    Quelle métier implique autant un professionnel et sa famille ?

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